Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Nicolas Pisapia : « Je garde confiance »
Me Julien Pinelli a été le premier à réagir à la fuite des pilotes français (lire nos éditions d’hier). Le pénaliste du barreau d’Aix-en-Provence craint que les autorités dominicaines, pour prévenir le risque d’une nouvelle fuite, ne reviennent sur la mesure de liberté conditionnelle accordée aux Français retenus en République dominicaine, dans l’attente d’un procès en appel. Son client, Nicolas Pisapia, ne partage pas son pessimisme. Depuis Punta Cana, le passager du vol à destination de SaintTropez nous a confié ses impressions.
Étiez-vous dans la confidence du projet des deux pilotes ?
Non, ça a été la surprise et la stupéfaction. Je n’étais pas du tout au courant de ce qui se passait. Vous savez, je suis sur Punta Cana et eux étaient sûrement sur Santo Domingo, il y a plus de 300 km de distance, donc on ne se voyait pas, et on ne communiquait pas.
Est-ce que cette évasion fait parler d’elle en République dominicaine ?
Non, cette affaire était montée en pression, on en a parlé pendant pas mal de temps essentiellement parce qu’il y a eu un battage médiatique français, mais c’est une affaire qui a été entièrement étouffée, plus personne n’en parle. Ce qui vient de se passer, personne n’en a parlé ici.
N’avez-vous pas le sentiment d’avoir été
abandonné à votre sort ?
Ce n’est pas à moi de commenter. Moi je suis concentré sur mon appel, j’ai toujours été concentré sur ce que je devais faire ici avec mes avocats. On a préparé un appel très bien ficelé. Je pense qu’aujourd’hui j’ai mes chances de pouvoir me défendre, de pouvoir sortir de cette situation.
Les avocats s’inquiètent de la réaction des autorités qui pourraient réévaluer le risque de fuite…
Il y a une crainte qui a été émise par les avocats concernant la réincarcération. Ça serait terrible, ce serait quelque chose d’horrible. J’en ai discuté un petit peu avec Me De Leon (son avocat dominicain, Ndlr), il m’a rassuré. C’est un risque, il faut en être conscient, mais il y a très peu de chance que ça arrive.
Une date de procès a-t-elle été fixée pour l’appel ?
Il n’y a pas de date établie. Compte tenu de toutes les procédures, il peut se passer des mois et des mois. On pouvait s’attendre à ce que l’action diplomatique nous permette de passer avant le mois de décembre…
L’action diplomatique estelle interrompue ?
Il y a eu une dynamique qui avait été lancée à la fois par des parlementaires en France, pour les quatre Français, et ici par le nouvel ambassadeur. Sa première préoccupation a été de nous rencontrer quand il a pris ses fonctions. Cela montrait un élan de la part de la voie diplomatique qui allait, enfin, dans notre sens. Aujourd’hui est-ce que l’on va avoir ce même soutien ? Est-ce que la confiance n’a pas été rompue ? Il faut qu’on reste confiant, on n’a pas le choix.
Avez-vous des nouvelles d’Alain Castany, victime d’un accident ?
Alain Castany est dans une grave situation, il a été opéré, il a deux fractures ouvertes et le médecin lui a donné très peu de chance de garder ses jambes. Les seules chances qu’il avait, étaient d’être opéré convenablement en France. Il y avait des tractations, qui étaient en train de se faire… Tout ça a été coupé, annulé.
Avez-vous envisagé de quitter vous aussi la République dominicaine ?
Ça ne m’a jamais effleuré. Je serai présent en appel et j’ai encore confiance dans la justice dominicaine. Je n’ai pas de droit de lâcher. Pour mon fils, pour mes parents, mes amis, mon comité de soutien. Si c’est pour lâcher à deux doigts de l’appel, tout ce que l’on a fait jusque-là n’aura servi à rien.
Votre enfant est au coeur d’un imbroglio juridique entre la France, où vivent ses grands-parents, et la Roumanie où il vit avec sa mère. Où en est cette affaire incidente ?
J’ai perdu mes droits de père en Roumanie, j’ai très peu de communication. Sa mère envisage de partir avec lui en Chine, c’est très sombre. Je sais que je lui manque.