Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des lézards géants sous vos roues !
Les fouilles paléontologiques entreprises dès 2006 avant l’élargissement de l’A8 entre Saint-Maximin et Châteauneuf-le-Rouge ont mis au jour de nombreux os d’animaux Ils vivaient au crétacé supérieur, il y a entre 65 et 80 millions d’années Deux nouveau
Les fouilles entreprises avant l’élargissement de l’A ont mis au jour des os de dinosaures aujourd’hui étudiés par le muséum d’Aix-en-Provence.
I
ly avait à l’époque une grande île, entre deux mers, traversée par un long et grand fleuve où vivaient de terribles lézards, leurs cousins mais aussi de petits mammifères. Aujourd’hui, dans le lit de ce cours d’eau, un flot de véhicules circule sur l’A. Entre et millions d’années en arrière, les Titanosaures, Rhabdodons, Nodosaures et autres Variraptors circulaient eux aussi dans le secteur. C’est une certitude. Si la présence de dinosaures en Provence était reconnue, les fouilles paléontologiques entreprises dès par l’équipe du muséum d’Aix-en-Provence, et grâce à l’appui financier d’Escota (aujourd’hui Vinci Autoroutes), ont permis de mettre au jour les os fossilisés de ces animaux. Ces gisements – ouverts avant les travaux d’élargissement de l’A entre SaintMaximin et Châteauneuf-le-Rouge – ont été riches en termes quantitatif et qualitatif. Ils font maintenant référence notamment puisque deux genres et deux espèces ont été découverts. L’Arcovenator escotae, dinosaure carnivore et le Mistralestes arcensis, petit mammifère. A quoi ressemblaient ces animaux? Comment vivaient-ils? Des éléments à ces réponses ont été apportés en ouvrant les portes de la réserve paléontologique du muséum d’Aix avec son responsable Yves Dutour. Entre morceaux de squelettes et représentations imagées. La pièce maîtresse des fouilles de l’A8. La découverte avec un grand D d’un nouveau genre l’Arcovenator – le chasseur de l’Arc – de l’espèce escotae (nom du financeur des fouilles et du propriétaire des terrains où il a été retrouvé, la société Escota, NDLR). Il est de la famille des Abélisauridés. Celui qui lui ressemble le plus et dont on s’est inspiré pour reconstituer l’apparence, est le Majungasaurus, un dinosaure découvert à Madagascar. Tibia, péroné, vertèbres, dents – « on est en train de dégager ce qui sera sûrement son bassin » – ont été trouvés sur le bord de l’autoroute au gisement du Jas-Neuf à l’instar de l’arrière de son crâne. Dans une partie de ce morceau de tête était logé le cerveau. « Ce matériel nous a permis d’être sûrs à 100 % que les Abélisauridés étaient présents en Provence. C’était suffisamment net pour que l’on fasse un nouveau genre et une nouvelle espèce. » De 6 à 7 mètres de long, ce bipède carnivore devait avoir de petits bras. Il était aussi certainement un grand prédateur, au regard de la taille de ses dents, avec des crénelures sur les deux faces et pouvait s’attaquer aux Titanosaures.
Iles et fleuve
« Il y avait un très grand fleuve qui arrivait du massif des Maures et de l’Estérel. C’était aussi une très grande île. Avec au sud, la mer et au nord, la mer aussi. Les Alpes n’existaient pas encore. Il faut imaginer la Provence comme des archipels d’îles plus ou moins grandes. »Des territoires plus petits notamment par rapport à ceux où vivaient les terribles lézards américains. « On n’avait pas chez nous de gigantesques dinosaures. Le plus grand devait faire à peu près m. La taille des animaux était, en effet, conditionnée par la taille de l’île. »
Bien avant un lac
Les paysages se sont bien entendu transformés au fil du temps. « Dans la redescente au niveau d’Ollières (proche de l’aire d’autoroute de Barcelone, NDLR), les sédiments sont gris. On était dans un lac – présent avant l’installation du fleuve – qui allait de SaintMaximin jusqu’à Martigues. »