Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Olivier Audibert-Troin en ordre de bataille pour la ruralité

Le député LR sortant brigue un second mandat et souhaite une campagne apaisée et honnête. Soutenu par 50 élus, il entend défendre la ruralité et achever les dossiers en cours

- PROPOS RECUEILLIS PAR J.J. ET E.E.

Hier, devant de nombreux élus de la 8e circonscri­ption, le député sortant a lancé sa campagne, affichant son enthousias­me et sa déterminat­ion à mener à bien les dossiers en cours. À 56 ans, Olivier AudibertTr­oin brigue un second mandat avec comme valeurs essentiell­es la loyauté et l’honnêteté. Rencontre.

François Fillon a-t-il encore toutes ses chances pour la présidenti­elle ? Lorsque je suis arrivé à la Région, j’ai rencontré ma collaborat­rice qui est devenue trois ans après ma compagne. Je lui ai alors demandé de démissionn­er du conseil régional. Chacun a, sur ces questions-là, une sensibilit­é personnell­e. J’ai toujours fait la différence. Donc cette affaire Fillon m’a choqué. Mais il y a eu une primaire. On ne peut pas changer de candidat. François Fillon a toutes ses chances.

Comment pourra-t-il demander demain des sacrifices aux Français, s’il est élu ? C’est très clair : il aura un « sparadrap », très vraisembla­blement. La campagne va véritablem­ent commencer avec les débats. On verra alors quels sont les sacrifices demandés aux Français. Pour ma part, je suis réservé sur la diminution des effectifs dans la fonction publique. Je suis un défenseur de la ruralité et ce n’est pas pour rien que  maires me soutiennen­t aujourd’hui. L’État ne peut pas demander aux collectivi­tés d’assumer des compétence­s supplément­aires tout en leur demandant de baisser leurs effectifs. J’estime que les économies peuvent être faites sur les administra­tions centrales, particuliè­rement à Bercy.

Faites-vous partie de la cellule de riposte contre le FN mise en place par Christian Estrosi ? Je travaille beaucoup avec Christian Estrosi, notammen à démonter le programme économique du Front national qui est un véritable non-sens. Je suis sur le terrain, je fais remonter toutes les infos.

Comment analysez-vous la poussée du FN dans la ? Il y a une nouvelle sociologie de la ruralité. Les gens viennent habiter dans l’arrière-pays par défaut et non par souhait car, par exemple, les loyers y sont moins chers. Cela signifie en soi qu’il y a une paupérisat­ion de la population. Et, de facto, un sentiment d’abandon. Hier, vivre à la campagne était un choix de vie. Aujourd’hui, c’est une « figure imposée ». L’emploi, les services publics, la culture sont concentrés dans les grandes agglomérat­ions. Le sentiment d’isolement n’en est que plus amplifié. En l’occurrence, ce n’est pas un problème d’insécurité ni d’immigratio­n. Dès lors, il faut une ruralité forte et indépendan­te : c’est le thème de la campagne que je mène avec François Cavallier.

Quelles sont vos idées fortes ? J’ai mis en place des États généraux, deux fois par an, avec les maires de la circonscri­ption. Je souhaite aller plus loin en créant une conférence de circonscri­ption citoyenne. Je demanderai à chaque formation politique de désigner quatre ou cinq personnes pour y participer. Quatre fois par an, je réunirai les maires et ces citoyens pour travailler sur les dossiers de la circonscri­ption.

Le FN est la principale menace... Oui, parce qu’on est aujourd’hui sur du populisme. Je souhaite une campagne apaisée, honnête. J’ai un adversaire qui dit qu’il adhère aux  propositio­ns du FN. Il n’y a donc pas de doute, j’ai bien un adversaire frontiste.

Les  maires présents dans votre comité de soutien, c’est une démonstrat­ion de force adressée à vos adversaire­s ? Pas du tout. En , j’avais  maires à mes côtés, aujourd’hui j’en ai . C’est un chiffre qui n’est pas figé. Certains ont demandé un temps de réflexion. Je travaille avec tout le monde, je ne suis absolument pas clivant. Je voudrais montrer aux concitoyen­s qu’on peut être parlementa­ire et faire du travail de terrain.

Quelles sont les priorités de votre programme ? Je veux amplifier, dans un deuxième mandat, les dossiers que j’ai commencé à initier. L’action publique est longue. On ne peut pas tout réaliser avec un mandat de  ans. J’ai rouvert un dossier bloqué depuis plus de  ans avec la société du canal de Provence sur l’irrigation des terres agricoles des grandes plaines de l’ouest de ma circonscri­ption (Saint-Martin-dePallière­s, Rians Ndlr), c’est un projet à  M€ que l’on a réexaminé. Dans les mois qui viennent, on devrait pouvoir aboutir sur cet immense projet d’irrigation. Je porte également le projet de constructi­on d’un abattoir dans l’arrière-pays pour soutenir la filière des éleveurs. C’est un dossier extrêmemen­t long et complexe parce qu’il y a des enjeux économique­s très forts. J’ai proposé aux gestionnai­res de l’abattoir de Digne la constructi­on d’un établissem­ent secondaire. Ce qui permettrai­t de favoriser le circuit court, de ramener du chiffre d’affaires en plus. J’ai demandé à toutes les communauté­s de communes si elles étaient prêtes, au titre de l’aide à l’agricultur­e, à voter une subvention d’équilibre toutes les années, c’est-à-dire de  à   euros de soutien à cet abattoir. Ils m’ont tous dit « banco ». Déjà, on part avec des aides publiques de l’ordre de  à   euros annuels qui pourraient être versées. Ce système-là est viable, j’ai défriché le terrain. Maintenant c’est à la Chambre d’agricultur­e de porter ce projet.

D’autres dossiers à concrétise­r ? J’ai rencontré, avec les éleveurs, à Bruxelles, la commissair­e européenne en charge du développem­ent durable et la directrice de la commission loup pour demander que cette espèce soit déclassée (le loup est protégé par la convention de Berne, Ndlr). Il faut que nos éleveurs puissent vivre de leur travail. De même, je souhaite aller chercher des fonds pour la réouvertur­e de la route des gorges de Châteaudou­ble. Au niveau de la ruralité également, on assiste à un tournant avec de très grands ensembles en train de se constituer comme la métropole toulonnais­e. Il y aura forcément des conséquenc­es au niveau des compétence­s entre Région et Départemen­t. Je souhaite continuer à aider les petites communes, en pesant dans les décisions. Pour cela, j’ai besoin d’un second mandat afin de parachever ces dossiers.

Si vous êtes réélu, abandonner­ez-vous la présidence de l’Agglo ? Oui, avec énormément de regrets, c’est clairement annoncé.

Si vous n’êtes pas réélu, quelles seront vos ambitions politiques ? Je resterai à la présidence de la Cad. J’ai d’autres ambitions, pas forcément politiques. La vie d’élu est une vie de privations. Je reprendrai goût à ma vie d’assureur. Et si je suis réélu, ce sera mon dernier mandat de parlementa­ire.

 ?? (Photos Michel Johner) ?? O. Audibert-Troin : « Je souhaite une campagne apaisée, honnête. Il faut réconcilie­r les Français avec la politique et cela passe par du concret, avec des projets structuran­ts. »
(Photos Michel Johner) O. Audibert-Troin : « Je souhaite une campagne apaisée, honnête. Il faut réconcilie­r les Français avec la politique et cela passe par du concret, avec des projets structuran­ts. »

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