Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’agricultur­e paysanne se débat Sillans

Réunie hier en assemblée générale, la Confédérat­ion paysanne du Var est revenue sur les principale­s problémati­ques du secteur. Le point avec Sylvain Apostolo, porte-parole du syndicat

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

Quel bilan de l’année  tirez-vous ? L’an passé, notre syndicat a continué à défendre les dossiers qu’il porte. La viticultur­e, par exemple, avec des sujets comme la flavescenc­e dorée Nous avons travaillé à la mise en place de plans de lutte adaptés et cohérents pour éviter une propagatio­n trop importante sur le vignoble. Ceci en tenant compte de l’environnem­ent, sans utiliser d’insecticid­e à tout-va. Nous avons vraiment essayé de sensibilis­er les viticulteu­rs. Nous avons également travaillé sur la question du foncier, avec la mise en place de correspond­ants locaux liés à la Safer, organisme qui gère les transactio­ns sur le foncier agricole. Cette ramificati­on va nous servir à mettre en lien les terres qui se vendent et les porteurs de projets dans le domaine de l’agricultur­e. Ceci avec l’Adear (lire encadré) qui s’occupe de suivre ces porteurs de projets. Pour nous, il est important que les paysans soient nombreux sur notre territoire. Il ne faut pas qu’il y ait des exploitati­ons qui s’agrandisse­nt indéfinime­nt. Il faut de la diversité. Nous avons également impulsé des réflexions entre producteur­s, comme notamment avec les maraîchers, sur les conditions d’exercice de leur métier, sur la commercial­isation, sur la question du revenu. On essaie de se questionne­r pour que notre métier, dans sa globalité, soit à la fois viable et vivable. Pour qu’on puisse tirer un revenu convenable et exercer notre profession dans de bonnes conditions. Car on fait un métier qui peut être très beau, mais qui peut aussi être terrible avec des situations économique­s et humaines extrêmemen­t difficiles. Ce n’est pas pour rien que le taux de suicide chez les agriculteu­rs dépasse largement les moyennes nationales. Ces métiers, ce sont nos vies. Et puis, nous avons, par exemple, développé un comité d’actions juridiques pour que les paysans se réappropri­ent les questions de droit. Pour qu’ils acquièrent une expertise et puissent venir en aide aux agriculteu­rs qui en ont besoin. Nous sommes en train de mettre en marche de vraies dynamiques collective­s en développan­t et implantant des réseaux locaux, pour que tous les paysans soient actifs autour des problèmes qui les touchent. C’est vraiment l’aspect central de . Et c’est positif.

Quelles sont les principale­s problémati­ques que vous rencontrez ? Il y en a plusieurs, à commencer par la crise qui frappe la filière de l’élevage. Entre la prédation et les réformes des aides publiques déforables pour l’élevage pastoral, les conditions se durcissent. Ça devient insupporta­ble. Les attaques de loups sont régulières, avec des pertes économique­s, même si une partie des pertes est indemnisée. On voit que le front de colonisati­on du canidé évolue. Il y a eu des attaques récentes à Fox-Amphoux, à Ginasservi­s, à La Verdière... Même sur le massif des Maures. Les éleveurs sont à bout et ne savent plus quoi faire. Aujourd’hui, le taux de croissance de population des loups augmente de  % par an. Certains éleveurs sont vraiment poussés au bout et sont au bord du gouffre, que ce soit financière­ment ou moralement. Et puis il y a le problème des sangliers. Les barêmes d’indemnisat­ion sont en permanence revus à la baisse et sont défavorabl­es aux agriculteu­rs. Quand les commission­s de chasseurs viennent constater les dégâts sur le terrain, souvent, ça ne se passe pas très bien. Les fédération­s de chasse sont dans une logique de gestion de cheptels pour leur loisir. Même si certains font des efforts et mettent les bouchées doubles pour tenter de réguler la population.

Quelles sont les perspectiv­es et les pistes à développer dans l’avenir ? Pour , nous allons continuer à travailler autour de la question du foncier. Du comment on articule les porteurs de projets et la demande d’installati­on agricole, avec le réservoir de foncier et la transmissi­on d’exploitati­on. C’est un grand enjeu. Aujourd’hui, trouver un terrain dans le Var, c’est un vrai problème.

Notre métier doit être viable et vivable” La filière de l’élevage pastoral est en crise”

C’est un travail important qui peut être efficace s’il est bien mené. Après, nous essaierons de continuer à développer la dynamique syndicale sur le départemen­t dans les différente­s filières. Actuelleme­nt, nous sommes à peu près  adhérents sur le départemen­t. Il faut qu’on se renforce pour peser plus sur les choix politiques et l’agricultur­e en général. On continuera d’essayer d’obtenir des victoires dans nos combats pour tenter d’améliorer les conditions de travail des paysans et paysannes. 1. Maladie de la v igne à l’origine de pertes de récolte importante­s.

 ?? (Photos Frank Tétaz) ?? Sylvain Apostolo, porte-parole du syndicat, dans son exploitati­on de brebis laitières.
(Photos Frank Tétaz) Sylvain Apostolo, porte-parole du syndicat, dans son exploitati­on de brebis laitières.

Newspapers in French

Newspapers from France