Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Automédication : à consommer avec précaution Soins
Piocher dans son armoire à pharmacie pour se soigner seul est un réflexe pour beaucoup seulement il est impératif de prendre conseil auprès d’un professionnel pour éviter les ennuis
Zut. On la croyait guérie pourtant il semble bien que cette bronchite revient dix jours plus tard. Le bon réflexe : retourner chez son médecin. Le mauvais : replonger dans la boîte d’antibiotiques pas terminée de la dernière fois. Car l’automédication est une solution de premier recours – pas toujours judicieuse – pour la majorité des Français. Ils piochent dans leur armoire à pharmacie pour soigner seuls leurs maux. A tel point qu’elle a représenté 3,9 milliards d’euros en 2016, soit un peu moins de 11 % du chiffre d’affaires des officines D’un côté, on peut arguer qu’elle permet de désengorger les cabinets médicaux. De l’autre, elle peut être dangereuse. Car un traitement est toujours personnel : lié à la pathologie, au malade et au contexte. Prudence donc au moment de jouer aux apprentis apothicaires. « On distingue deux grandes familles de médicaments: ceux qui sont délivrés sur prescription médicale obligatoire (PMO) et ceux à prescription médicale facultative (PMF) que les patients peuvent acheter sans ordonnance », résume Vanessa Ferreira-Gomes, pharmacienne au centre hospitalier de Cannes, dédiée au projet Médicament Info Service (une ligne téléphonique accessible à tous destinée à renseigner quiconque se pose une question liée aux médicaments au sens large : posologie, prescription, etc.). Elle reçoit de nombreux appels de personnes qui, prises d’un doute, préfèrent vérifier qu’elles peuvent prendre tel comprimé, donner tel sirop à leur enfant…
Le traitement de l’un ne convient pas à l’autre
« Typiquement, beaucoup nous demandent s’ils peuvent reprendre des antibiotiques que leur médecin leur avait prescrits parce qu’ils pensent avoir la même pathologie. La réponse est toujours la même : non. En principe, une boîte d’antibiotiques non terminée à l’issue du traitement doit être ramenée à la pharmacie. Le médecin, lorsqu’il les prescrit, se base sur l’état du patient, son poids, son âge, éventuellement les autres médicaments qu’il prend. Le traitement de l’un ne convient pas à l’autre. Et si la personne retombe malade, le contexte aura peut-être changé et l’ordonnance ne sera pas forcément identique. » Inutile donc de tenter de reprendre le traitement initial. « D’autant que cela risque de masquer certains symptômes ou germes s’il s’avère qu’il s’agit d’une autre pathologie », souligne Vanessa Ferreira-Gomes. Cela rendra donc plus compliqué le diagnostic. Consciente que nombreux sont ceux qui se soignent seuls, elle insiste sur le fait qu’en dehors d’une consultation médicale, le pharmacien est un précieux allié. « Les posologies varient en fonction du poids. Ainsi, il faut être prudent avec les enfants. A 5 kg près, on ne va plus donner un mais deux sachets, soit le double. Il importe donc de le vérifier avec un professionnel de santé. » Par exemple, si l’aîné d’une fratrie tombe malade et que le petit dernier suit trois jours plus tard, il ne faut surtout pas plaquer la prescription du premier au second. Retour à la case médecin obligatoire. De manière générale, il est possible de prendre seul des médicaments pour soigner des maux bénins type règles douloureuses ou nez qui coule, à condition de s’en référer à son pharmacien ou au moins de bien lire la notice. Cela permet de prendre connaissance des modalités d’administrations : certains traitements doivent être pris pendant les repas pour limiter les désagréments gastriques. «Les médicaments sans ordonnance sont commercialisés selon des dosages bien précis et limités, indique Vanessa Ferreira-Gomes. En principe, la prise de plusieurs comprimés à la fois ne provoque qu’une intoxication non mortelle ». C’est la raison pour laquelle, les boîtes de paracétamol n’en contiennent jamais plus de 8 g au total.
Multitude d’interactions possibles
L’automédication est pratique pour répondre aux petits bobos. Cependant, même pour se débarrasser d’un mal de tête, mieux s’en référer à un sachant lorsqu’on prend un traitement. L’aspirine fluidifie le sang donc elle doit être manipulée avec précaution par ceux qui prennent des anticoagulants. Il existe une multitude d’interactions possibles entre les molécules mais aussi avec certains compléments alimentaires ou la phytothérapie... D’où l’importance de vérifier avec un professionnel de santé les possibles contre-indications entre tous ces produits. Dans le doute, prenez conseil auprès de votre pharmacien ou composez le numéro de Médicament Info Service au 04.93.69.75.95. 1. 15e Baromètre Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable) des produits du selfcare.