Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Par Jupiter !
Des fouilles archéologiques entreprises dans une parcelle de vignoble ont mis au jour les vestiges de thermes et d’une partie d’une exploitation agricole datant du Ier au IIe siècle
Les vestiges de thermes et d’exploitation agricole datant du Ier au IIe siècle ont été mis au jour au domaine Ramatuelle. Visite guidée.
Il y a encore quelques mois des vignes étaient bien ancrées sur cette parcelle. En lieu et place, à quelques mètres de la surface, des vestiges ont été récemment mis au jour. Ils témoignent de la présence romaine remontant du Ier au IIe siècle. Le domaine Ramatuelle, chère à la famille Latil, fait ainsi un bond dans le temps. L’histoire familiale de l’exploitation est maintenant liée à une activité sans doute viticole et oléicole beaucoup plus ancienne, antique. Hugues et Fanny Chaboud, les exploitants, ont répondu favorablement aux sollicitations des archéologues pour entreprendre des fouilles. « On a la chance d’avoir fait ces découvertes. On va essayer de les garder », souligne Hugues Chaboud (voir par ailleurs).
A la source
Les pieds de vigne devant être arrachés pour en planter de nouveau, le terrain était libre. Le service départemental patrimoine et archéologie en collaboration avec l’Association d’histoire populaire tourvaine (AHPT) ont, dès d’octobre 2016 et pendant près de deux mois, retroussé les manches pour remuer des tonnes de terre. Et faire apparaître des fondations d’une villa romaine. « La présence d’une source a motivé cette installation », précise Marc Borreani, archéologue au Département devant les restes des murs de pierres marquant la présence d’une grande exploitation «qui s’est développée au IIe siècle ». « Les villas romaines étaient composées en deux parties. Une résidentielle et l’autre agricole». Dans le prolongement de l’aqueduc qui captait alors la source, les fondations de thermes sont encore plus parlantes. « Elles ont mieux résisté au temps car elles étaient semi-enterrées et bâties au mortier de chaux très solide ».
De la salle de chauffe à la salle froide
L’archéologue décrit la salle de chauffe qui permettait de chauffer le sous-sol et la chaudière. Cette dernière alimentait la baignoire chaude. Salles chaude et tiède se succèdent jusqu’à la froide où « le dallage était composé de plaques de marbre blanc et de schiste ». Dans la continuité, les latrines et leur système d’évacuation par les collecteurs. Ces thermes ont subi deux grandes phases d’aménagement au fil du temps. Un contrepoids de pressoir a d’ailleurs été réutilisé lors de ces transformations. A quelques mètres des installations thermales, le bassin d’agrément est lui aussi bien conservé. Escalier et évacuation sont visibles. Un mortier de chaux et de gros fragments de tuiles composaient le sol pour une parfaite imperméabilité. Communément autour de ces bassins, étaient érigées les habitations. « Ona creusé, cherché mais pas trouvé de traces. Ces bâtiments ont peut-être été complètement détruits. » La présence de population sur le site, établi dès le IIe et Ier siècle avant J.-C., s’est peut-être ensuite poursuivie. « Au IIIe siècle, les villas romaines étaient abandonnées. On récupérait les matériaux comme le plomb et les belles pierres. Il y a eu ensuite des réinstallations et l’occupation a perduré jusqu’au Moyen-Âge. Le statut social des occupants, l’organisation sociale et culturelle étaient tout autres. » Une grande page de l’histoire du domaine Ramatuelle a, ainsi, été mise au jour. Entre antiquité et XXIe siècle, le chemin s’est tracé dans la même lignée.