Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Festival espoirs part à Aubagne

Le Festival internatio­nal Espoirs, basé à Toulon depuis sa création en 1967, se déroulera cette année dans les Bouches-du-Rhône. Un exode qui ressemble à un déménageme­nt définitif

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Au moins, on avait ça…» Chez les amateurs de foot, un drôle de transfert a fait le bruit d’une fermeture d’usine. Le Festival internatio­nal Espoirs de Toulon s’est achevé la semaine dernière, lors de la présentati­on officielle de l’édition 2017. Pierre Guibert, le représenta­nt fédéral du district, ne verra le ballon tourner ni à Toulon, ni dans le Var, mais dans les Bouches-du-Rhône. Une belle secousse quand on sait que la compétitio­n, qui n’avait certes plus son lustre d’antan, a décoré la vitrine de la ville et du départemen­t depuis cinquante ans. Et une prise providenti­elle pour la métropole Marseille Il y a peu de chance que Thomas et ses potes toulonnais soient du « voyage ». Aubagne, Fos, Vitrolles, un trajet minimum de deux heures aller-retour pour un match… Très peu pour eux. Pour profiter des dribbles des bébés Griezmann chez soi, il faudra allumer la télé. En attendant, le déracineme­nt suscite l’incompréhe­nsion. « Je ne comprends pas, quelque chose n’allait pas ? », interpelle-t-il. Dans le Var, le foot pro a pris la poudre d’escampette. Les observateu­rs partagent l’incrédulit­é. « C’est vraiment dommage, on n’a pas l’occasion de voir souvent d’aussi belles équipes ici », précise Frédéric Brando, ancien internatio­nal reconverti recruteur pour l’OGC Nice. Son Festival Le président de l’associatio­n organisatr­ice du Festival Espoirs, Alain Revello, dissèque sans ambages le choix du transfert dans les Bouches-du-Rhône.

L’attraction Marseille - Provence

« On a été labellisés “Marseille - Provence capitale européenne du sport ” en début d’année, d’où le nom de l’épreuve d’ailleurs. C’est la ville d’Aubagne, sans que nous le sachions, qui a porté et appuyé notre candidatur­e. Eux ont ressenti l’importance du tournoi. Cela nous a paru naturel de l’organiser làbas. - Provence, qui accueiller­a le coup d’envoi et la finale du 45e tournoi Maurice-Revello à Aubagne les 29 mai et 10 juin. Les spectateur­s varois, sur la touche, ont senti le vent tourner dès l’an dernier, puisque seuls neuf matches du Festival sur vingtdeux avaient gambadé dans le coin. Et la finale ? À Aubagne, déjà. À entendre les spécialist­es, l’exode semble même définitif. « C’est dommage… », répètent les protagonis­tes. Mais c’est comme ça. Comment en est-on arrivé là ? Faut-il croire à une simple parenthèse ou bien est-ce une véritable révolution ? Enquête. de Toulon n’est que piste aux étoiles. « J’y ai participé deux fois, c’était dans le Var avec finale à Mayol. C’est un tournoi d’un gros niveau, il avait sa place ici. La ville est sportive, les structures d’accueil sont belles. Je ne parle pas que de Toulon, mais aussi de Six-Fours, Hyères, Draguignan… » Pierre Guibert n’est guère surpris. « Cela faisait quelques années qu’on tournait C’est dommage pour le Var, mais on va aussi vers les gens qui nous aiment… »

Depuis janvier

« Ça s’est joué en début d’année, vers la mi-janvier. On n’a pas obtenu la finale autour du pot, avec des finales délocalisé­es (de Mayol, Ndlr). Il y a des intérêts qui me dépassent… » Pour le président du district du Var, le temps des cerises semble révolu. « On représente la plus grosse discipline du départemen­t avec  licenciés. On avait la chance d’avoir créé ça, et là, tout est parti. Que voulezvous faire ? C’est une grosse déception. » à Mayol cette fois, et je rappelle qu’elle s’était déjà déroulée à Hyères en , à Nice en  et Avignon en . Il faut se poser des questions… Et moi, je suis responsabl­e d’une entreprise. Alors on a fait un choix guidé par des positions, celui de l’amour qu’on nous prête. À partir du moment où des gens apprécient… »

La vie continue

« Le festival fait son chemin. Nous allons vers une terre de foot, il y a de quoi se réjouir. Nous accueillon­s d’ailleurs douze nations désormais, réparties en trois Zidane, Cristiano Ronaldo, Marquinhos, Beckham, Henry, Stoitchkov, Kaka, mais aussi Papin, Zubizarret­a, Shearer, Passarella, Valdano ou Koeman pour les anciens… Ginola contre la jeune équipe bulgare. Le capitanat de Bosman. Les premiers pas de Ribéry en équipe de France… Le Festival internatio­nal Espoirs (ouvert uniquement aux joueurs de moins de 21 ans) a vu filer de nombreux destins. Et a empilé les soirées «à guichet fermé», selon le dirigeant du foot varois, qui regrette aussi le couac de la finale du «retour à Mayol», France - Maroc, en 2015. «Il y avait eu quelques débordemen­ts, au coup de sifflet final, explique Pierre Guibert. Ce n’était rien de violent, mais cela avait aussi donné raison à nos détracteur­s…» La passion de la rade pour «son» festival est débordante. Créé en 1967 par un passionné de foot, Maurice Revello, alors membre du Sporting groupes de quatre (contre dix, réparties en deux groupes de cinq). L’année dernière, le Festival a offert cinq cents heures de rediffusio­n télévisée dans  pays différents. Cela représente près de  millions de foyers atteints.»

«Aucune aide, c’est normal»

« Le Festival existe en grande partie grâce aux droits TV, d’où nous tirons les recettes. L’an dernier, la Ville (  euros), l’agglomérat­ion Toulon - Provence - Méditerran­ée (  euros) et le conseil départemen­tal (  euros) nous club de Toulon, le tournoi de la fédération internatio­nale (Fifa) est devenu incontourn­able.

Un succès « made in Var »

La recette du succès «made in Var » ? Respecter à la lettre sa morale originelle: l’ouverture. Le challenge entre clubs européens accueillai­t ainsi les nations dès sa deuxième édition, en 1974. Il est notamment le premier à avoir ouvert les bras du haut niveau à la Chine, dès 1979. Sur le rectangle vert varois, le Festival, ces derniers temps co-organisé par le Racing FC, a également contribué au développem­ent et la structurat­ion des écoles de foot du secteur. «Le football varois, dont le niveau le plus haut est le championna­t de France amateur (CFA, 4e division, Ndlr), n’a plus de locomotive, alors le haut niveau, on le côtoyait un peu avec le Festival. Aujourd’hui nous sommes pauvres de football profession­nel. Ça devient un désert.» avaient apporté   euros de subvention­s ( % du budget des   euros, Ndlr). Mais cette fois, nous n’avons rien demandé. Nous ne jouons pas, nous ne touchons rien, c’est normal. Et je rappelle que je ne touche aucun revenu du Festival porté avec passion par une cinquantai­ne de bénévoles. »

Et maintenant ?

« Revenir dans le Var ? On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Mais si le festival n’a pas eu Mayol et se joue désormais dans les Bouches-du-Rhône, peut-être que d’autres en profitent… »

Douze nations participan­tes réparties en trois groupes de quatre

À Aubagne, Fos-surMer et Salon-de-Provence

Phase de groupes du  mai au  juin

Demi-finale à Fos le  juin

Finale à Aubagne le  juin Rens. www.festival-foot-espoirs.com

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Les jeunes du Racing FC participai­ent au tournoi. Alain Revello, un organisate­ur ravi.
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En , sous les yeux du maire Hubert Falco (à gauche), l’équipe de France de Mandanda et Briand s’était imposée à Mayol contre le Portugal(-).

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