Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une Hyèroise condamnée pour avoir brûlé sa fille avec des piques à brochettes
Pour des violences commises sur ses enfants et un manquement à ses obligations parentales, El Hassania A., une mère de famille hyéroise, a été condamnée hier, par le tribunal de grande instance de Toulon, à trente mois de prison, dont un an avec sursis, et avec une mise à l’épreuve pendant trois ans. Pendant cette période, la jeune femme, née en 1974 dans le sud du Maroc et installée en France depuis 14 ans, sera astreinte à une obligation de soins, d’emploi et ne pourra quitter le territoire français qu’avec l’autorisation du juge d’application des peines.
Chauffés à blanc
Si El Hassania A. n’avait aucune condamnation inscrite à son casier judiciaire, les faits dont elle a été reconnue coupable, hier en comparution immédiate, sont particulièrement graves. Il a en effet été établi que la Hyéroise, qui élevait seule ses jumelles de 5 ans et un garçonnet de 3 ans – son époux vivant au Maroc – frappait très durement une des jumelles et le petit garçon, voire les brûlaient, depuis plusieurs années. Mais ce qui a permis de mettre fin à cette situation s’est déroulé le 21 mars. Ce jour-là, une des petites filles rentre de l’école. Elle a frappé d’autres enfants et la maîtresse. Pour la «punir», sa mère chauffe à blanc des piques à brochettes sur sa plaque de cuisson avant de les appliquer à plusieurs reprises sur les mains et les avantbras de la fillette, lui causant des brûlures cutanées. Puis, pour compléter le châtiment, elle interdit le lendemain l’enfant d’aller à l’école. Inquiet de cette absence, le personnel de l’établissement appelle El Hassania A. pour lui demander où est sa fille. Le 23 mars, la petite fille est renvoyée à l’école. Voyant les brûlures, l’établissement alerte la protection maternelle et infantile (service dépendant du Département), tandis que dans le même temps, des voisins appellent le 119 (Allô enfance en danger).
Entre cruauté et repentir
Le 24 mars, une équipe de l’aide sociale à l’enfance arrive chez El Hassania A. Au vu de ce que les agents constatent, la réaction est immédiate : le même jour, le parquet de Toulon prend une ordonnance de placement en foyer pour les trois enfants, qui ont été confiés à l’Aide sociale à l’enfance. Il a également été signalé qu’il était fortement probable que Mme A.a elle aussi été maltraitée dans son enfance marocaine – une blessure à la hanche lui aurait été infligée par son frère. Mais le procureur de la République, Nicolas Ruby, n’a pas moins lancé lors de son réquisitoire : « Je ne voudrais pas entendre que le comportement de Mme A. a été dicté par sa culture ou son enfance. » Et de continuer : «On est au-delà des violences, c’est presque de la torture et des actes de barbarie ! C’est un miracle que cette affaire se termine devant ce tribunal aujourd’hui. » L’avocate de la prévenue, Me Fanny Turpaud, tout en soulignant des actes « impardonnables », a mis l’accent sur la « nécessité de soins » éprouvée par Mme A., cette dernière ne semblant pas avoir « conscience de l’impact de ses actions sur ses enfants. » Le jugement sur le devenir des trois enfants a été renvoyé au 25 septembre. Reconnaissant sa culpabilité, El Hassania A. a réservé ses dernières paroles de l’audience à sa fille brûlée : « Qu’elle me pardonne… »