Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Peine réduite de moitié pour les viols avec tortures à Nice

- SO. B.

Complice, par instigatio­n, de quatre mois de sévices graves et de viols : les jurés varois, statuant en appel, ont fait hier la même analyse que la cour d’assises des Alpes-Maritimes sur la culpabilit­é d’Alexia Monticelli, alias « Tess », une Niçoise de 23 ans. Ils ont été convaincus que la jeune femme avait eu une part importante dans les abus qu’avait subi Manuella, pour la dissuader de révéler l’assassinat en octobre de son compagnon Mayeul Gaden, fondateur du club de bikers Les Fenrys. Manuella, qui devait mourir le même jour, avait finalement été épargnée. Mais elle avait été retenue dans son appartemen­t de Nice, et avait été réduite à l’état d’esclave, pour annihiler toute velléité de se plaindre.

Se savoir victime

Condamnée à vingt ans en premier ressort à Nice, Tess avait fait appel. Pour Me Adrien Verrier, qui soutenait la cause de Manuella, il n’y avait pas d’enjeu sur les aspects pécuniaire­s de ce procès. Il n’avait pas été fait appel des intérêts civils tranchés par la cour d’assises des Alpes-Maritimes, et ceuxci avaient été réglés. Il a indiqué que le quantum de la peine que fixerait la cour d’assises d’appel importait finalement peu à la jeune plaignante. Seule comptait une décision de culpabilit­é, de nature à asseoir définitive­ment sa qualité de victime.

Rétractati­ons de circonstan­ces

L’avocat général Manon Duthoit a repris en détail l’ensemble des faits rapportés par Manuella. Revenant sur les humiliatio­ns, les coups, et les abus sexuels qu’elle avait subis, parfois accompagné­s de sévices graves, elle a décrit une entreprise d’asservisse­ment qui s’est étalée sur de longues semaines. Ce que n’avait d’ailleurs pas contesté le bourreau de la jeune femme. Après avoir cherché à minimiser ses actes, Miguel Doutau avait fini par confirmer tout ce qu’avait décrit Manuella. Il en avait rejeté la responsabi­lité sur Tess, à la volonté de laquelle il n’avait pas su s’opposer. Ses rétractati­ons de la veille en visioconfé­rence ? L’avocat général n’en a pas cru un traître mot, soulignant que Miguel Doutau avait dit trois fois, devant les policiers, puis le juge d’instructio­n, et enfin devant les assises des Alpes-Maritimes, que l’instigatri­ce de ces violences était Tess.

Peine secondaire

Pour la défense de celle-ci, Mes Joseph Cohen-Sabban et Sophie Jonquet ont plaidé qu’Alexia Monticelli n’avait pas eu d’intention coupable. Certes, elle était présente dans l’appartemen­t où Miguel Doutau avait, jour après jour, brisé la volonté de Manuella. Mais était-elle en capacité de donner des ordres à un colosse de 1,80 m pesant 100 kg, dont tout le monde avait peur ? Pour la défense, on pouvait seulement reprocher à l’accusée de ne pas avoir porté assistance à la victime. La cour d’assises du Var a jugé que Tess avait eu un rôle actif dans les faits. Elle a cependant condamné Alexia Monticelli à dix ans de réclusion. La moitié de la peine en premier ressort. Ce qui, au final, ne change pas grandchose, Alexia Monticelli ayant déjà été condamnée à vingt ans, pour la part qu’elle avait prise dans l’assassinat de Mayeul Gaden, alors qu’elle n’avait que 17 ans.

G. D.

« Effet avec retard de la crise »

« On constate que le nombre d’expulsions va en augmentant, développe Jean-Paul Jambon, le délégué de la Fondation Abbé Pierre (FAP) dans le Var. Notre hypothèse est qu’il y a un effet avec retard de la crise des années 2008-2010. » Certains foyers se sont retrouvés en difficulté, après une perte d’emploi. « D’abord, ils ont fait face avec des indemnités chômage. Ensuite, ils se sont débrouillé­s en limitant par exemple la consommati­on de chauffage. » La FAP estime ainsi que « le nombre de personnes modestes ayant eu froid à leur domicile pour des raisons liées à la précarité s’est accru de 25 % entre 2006 et 2013».

Solidarité familiale

Jean-Paul Jambon évoque aussi les solidarité­s familiales, comme alternativ­e aux difficulté­s de logements. Mais avec une limite bien tangible, lorsque toutes les solutions de débrouille sont épuisées. Avec un résultat par ricochet. « Il y a en particulie­r une grosse augmentati­on des expulsions ces dernières années. » Dans le Var, les assignatio­ns pour impayés de loyers ou retards de charges dépassent les 1 900 dossiers, selon la FAP, qui estime les demandes de recours à la force publique à environ 500. La Fondation Abbé Pierre cite aussi la situation moins connue de propriétai­res faisant face à de grosses difficulté­s économique­s. « Ce sont des propriétai­res occupants qui ont des problèmes pour rembourser leur emprunt. Si le bien est mis en vente par adjudicati­on, ils n’ont plus que les yeux pour pleurer, décrit jean-Paul Jambon. Nous avons eu des cas, en particulie­r d’anciens artisans ou commerçant­s ».

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(Photo DR) La cour d’assises du Var sur la même longueur d’ondes que celle de Nice, sauf sur la peine.

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