Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le premier tour est-il joué ?
Les sondages en apparence sont implacables. Ils dessinent jour après jour le second tour de l’élection présidentielle, un affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen crédités respectivement dans notre dernier sondage BVA de et % des intentions de vote. Certes, chacun se tasse mais ils devancent encore de 5à 6 points François Fillon, en troisième position avec %. Nul, pourtant, ne se risque à affirmer que l’histoire est écrite. Les sondeurs sont d’une prudence extrême comme s’ils doutaient de leurs enquêtes. Il est vrai que bien des incertitudes demeurent. A trois semaines d’un scrutin présidentiel, les prévisions sur l’abstention n’ont jamais été aussi élevées : de à %. Le pourcentage des indécis est, lui aussi, élevé même s’il commence à diminuer. Trente-sept pour cent des personnes se prononçant pour Emmanuel Macron hésitent encore. Autre sujet d’interrogation pour les sondeurs : la différence de 6à 7 points entre le score actuel de François Fillon et le potentiel réel de la droite. Que vont faire ces muets de l’élection ? Vont-ils continuer à se taire ou soutiendrontils finalement ce candidat qui certes les a déçus mais défend, malgré tout, leurs idées ? Ne reprend-il pas deux points dans notre enquête ! L’histoire électorale, contrairement, à une idée reçue n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Que de surprises de dernière minute ! Dès la première présidentielle au suffrage universel direct, en , le général de Gaulle, est mis en ballottage contre toute attente et doit affronter François Mitterrand dans un second tour. Nouveau coup de théâtre en . La présidentielle est organisée à la suite de la disparition du président Pompidou. La campagne est très courte. Jacques Chaban-Delmas en est le grand favori avec plus de % des intentions de vote au premier tour. Il distance Valéry Giscard d’Estaing de points. Six semaines plus tard, Chaban n’obtient que % des suffrages et VGE plus de %. Lors des élections législatives de , la surprise est encore plus grande. Les enquêtes donnent encore la gauche gagnante le jeudi qui précède le premier tour. Tout bascule en quarante-huit heures et la droite triomphe. En , c’est Chirac qui surprend au premier tour en devançant le grand favori des sondages Edouard Balladur. Enfin, en , nul ne voit arriver le séisme : Jean-Marie Le Pen passe devant Lionel Jospin et se qualifie pour le second tour face à Jacques Chirac. Ces exemples incitent à la prudence. Elle doit être d’autant plus grande que cette campagne est atypique et le paysage politique en plein chambardement. Un face à face Macron-Le Pen en serait un. Il se profile mais il est bien loin d’être acquis.
« Les sondeurs sont d’une prudence extrême comme s’ils doutaient de leurs enquêtes. »