Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Guyane: le plan de l’État jugé insuffisant
Les négociations visant à mettre fin à deux semaines de mouvement social en Guyane ont repris hier après-midi entre la ministre des Outremer Ericka Bareigts et le collectif de protestataires, qui exige maintenant un «nouveau statut» pour ce territoire. Justice, école, sécurité, santé: la série de mesures mises sur la table samedi par Erika Bareigts et son homologue de l’Intérieur Matthias Fekl – pour la plupart «d’urgence» mais pour certaines courant sur dix ans – a été jugé insuffisante par le collectif, et n’a pas mis fin à un mouvement de protestation multiforme et d’une ampleur inédite. Les négociations s’étaient interrompues tard dans la nuit, après neuf heures de tractations, sans accord. Alors qu’elles devaient reprendre hier à 11 heures (16 heures en métropole), une délégation de quelques dizaines de personnes, moins fournie que les jours précédents, est finalement entrée vers 12h30 (17h30 en métropole) dans la préfecture, théâtre des échanges. « Toutes les questions sectorielles (agriculture, mines, etc.) ont trouvé une issue», a annoncé Gauthier Horth, entrepreneur membre de la délégation. « Mais dès qu’on touche aux questions transversales, comme la santé ou l’éducation, ça bloque. » Il s’est néanmoins déclaré «optimiste». Samedi, le ministre de l’Intérieur avait estimé que «le gouvernement [avait] entendu les aspirations et les demandes des Guyanais». Il s’était ensuite envolé vers la métropole, où François Hollande le recevra ce matin.
« Des décennies qu’on nous donne des miettes »
« Le sentiment est mitigé, limite négatif », a réagi hier Davy Rimane, un membre de la délégation, après la réunion nocturne. «Il y a vraiment un blocage du gouvernement pour ouvrir les robinets et régler les problèmes. On est déterminés, on joue l’avenir des nos enfants. Ça fait des décennies qu’on nous donne des miettes. Là, on dit stop. » Au nom du collectif «Pou la Gwiyann dékolé», qui regroupe les mouvements protestataires, il avait demandé plus tôt « un statut particulier pour la Guyane» depuis le perron de la préfecture, déclenchant des vivats des centaines de personnes massées en contrebas. Et de justifier cette exigence par la volonté de se débarrasser d’un lien « trop centralisé et vertical avec Paris», qui empêche la Guyane «d’avancer». En 2010, un référendum sur l’autonomie de la Guyane avait débouché sur une large victoire du « non ».