Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Piloter un hélicoptèr­e de combat est un rêve accessible»

Originaire de La Seyne, le lieutenant Malaury Viardot, 27 ans, vient de publier un ouvrage pédagogiqu­e qui présente son métier peu ordinaire au sein des forces françaises. Interview

- PROPOS RECUEILLIS PAR MA.D. mdalaine@nicematin.fr

« Pouvez-vous nous présenter votre métier ? Je suis pilote d’hélicoptèr­e au sein de l’Aviation légère de l’armée de terre () (ALAT). Je suis basé en Moselle, au er Régiment d’hélicoptèr­es de combat de Phalsbourg. Je vole sur Gazelle. Je suis donc en mesure d’effectuer des missions de reconnaiss­ance mais aussi d’appui. Je peux ainsi être amené à délivrer le feu.

Et vous avez déjà été amené à « délivrer le feu », justement ? Non. L’an dernier, je suis parti au Niger dans le cadre de l’opération extérieure (Opex) Barkhane. S’il y a évidemment de l‘appréhensi­on, n’oublions pas qu’une Opex c’est l’aboutissem­ent de notre engagement de militaire. Mais, sans rien vous révéler de la mission, c’était très calme. Et tant mieux. Vous savez, même si on y est préparé, que tout est carré dans ma tête à ce niveau-là et que les règles d’engagement sont drastiques, si je peux passer ma carrière sans avoir à tuer quelqu’un…

Pourquoi avoir voulu devenir pilote d’hélicoptèr­e ? Comme je le dis dans mon livre, je ne suis pas issu d’une famille de militaires. Et à part quelques trajets en avion, je n’avais même jamais volé. Mais pour moi, ça a toujours été un rêve. Ma première fois aux commandes d’un hélico, j’étais complèteme­nt azimuté ! Et puis, bien entendu, il y a la volonté de servir son pays, de défendre des valeurs, porter l’uniforme… : tout ça m’attirait. Et pourquoi avoir voulu écrire un livre sur ce sujet ? D’abord pour dire aux jeunes qui se poseraient la question : oui, devenir pilote d’hélicoptèr­e de combat, c’est possible. Hors critères physiques - il est nécessaire d’avoir une excellente vue et une bonne condition n’importe qui peut le faire. Il faut avoir le bac, c’est tout. Et réussir les tests, évidemment ! En quoi consistent ces tests ? C’est un des objets de l’ouvrage, puisque je me suis rendu compte qu’il y avait une méconnaiss­ance des différente­s étapes de sélection jusqu’à l’obtention du brevet de pilote. Par exemple, j’explique en détail que lors de la première phase qui dure deux jours, à Vincennes, on est testé sur notre niveau de maths, d’anglais, qu’on a des entretiens psychologi­ques... C’est là aussi qu’on a les premières épreuves sur simulateur.

C’est dur, le simulateur ? Ce n’est pas simple. On est testé sur la dissociati­on de l’attention, qualité requise pour pouvoir être pilote. En gros, il faut être capable de voir et faire plusieurs choses en même temps : vérifier ses instrument­s, écouter la radio, parler avec le chef de bord, étudier le contexte opérationn­el au sol… sans oublier de piloter, avec deux manches, et deux pédales ! Quelles autres qualités sont requises pour faire ce métier ? Déjà, il faut vouloir s’engager et surtout, savoir pourquoi on le fait. On reste des militaires avant d’être des pilotes. Donc la rigueur, l’autorité, etc. Et puis une bonne dose de motivation est requise. Car entre Vincennes, les quatre mois à l’école des officiers à Saint-Cyr Coëtquidan, l’apprentiss­age à Dax pendant un an et demi - là où sont formés tous les pilotes des forces armées - et la spécialisa­tion au Cannetdes-Maures qui dure entre un et deux ans, l’aventure est longue. Sans compter que c’est une école de l’excellence où ce qui est enseigné un jour doit être acquis le lendemain.

Ne faut-il pas également un peu de courage ? Les risques sont maîtrisés. Mais c’est vrai qu’apprendre à faire un vol tactique à très basse altitude en volant pleine balle, c’est grisant mais aussi extrêmemen­t dangereux ! L’important est de rester humble, surtout. Bref, c’est facile quoi… Pas vraiment ! Rien qu’à l’issue des premiers tests à Vincennes, il y a déjà  % de recalés. L’une des difficulté­s réside dans le fait de réussir à échéance imposée. Ce jour-là, il faut être au top. Et pendant le reste de la formation, vous êtes évalué tout le temps.

Et pour vous, cela a été difficile ? J’ai eu des difficulté­s au début. Je me revois, comme un c.., mimer le pilotage avec un balai dans chaque main histoire d’apprendre à coordonner mes mouvements ! (il rit) Devenir pilote est un rêve accessible mais pas simple à atteindre. C’est un métier extraordin­aire en ce sens qu’il sort de l’ordinaire. Quand je raconte que ce matin je suis arrivé au travail, que j’ai pris l’hélico pour aller voler une heure et demi, on me regarde toujours avec de grands yeux… » 1. «Contrairem­ent aux idées reçues, 70 % du parc hélico de la Défense est intégré dans l’armée de terre, et non dans l’armée de l’air », explique Malaury Viardot.

 ?? (Photos DR) ?? Après une première mission au Niger (photo de droite), le lieutenant Malaury Viardot devrait repartir en opération extérieure cette année.
(Photos DR) Après une première mission au Niger (photo de droite), le lieutenant Malaury Viardot devrait repartir en opération extérieure cette année.

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