Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Quand le coeur bat trop fort ...
Soins Trouble du rythme très répandu, surtout après 80 ans, la fibrillation auriculaire se manifeste souvent par des palpitations. Quand s’inquiéter ? Quelles solutions ? Réponses d’expert
Rares sont ceux qui n’ont jamais ressenti de palpitations. Pour les plus chanceux, c’est sur le coup d’une forte émotion amoureuse. D’autres en ont fait l’expérience au cours d’une crise fébrile, ou après avoir absorbé de grandes quantités de boissons alcoolisées. Mais, le plus souvent, c’est avec l’âge qu’elles ont fait irruption. «La personne ressent des palpitations intenses, elle peut même être victime d’un malaise… Ca dure quelques secondes ou quelques minutes, on se sent très mal, mais, dans l’immense majorité des cas, il n’y a pas de danger vital. Et puis, la crise s’arrête brutalement. Parfois malheureusement, les crises s’enchaînent, les patients sont essoufflés, leur qualité de vie en est sérieusement altérée et la maladie devient vraiment invalidante », relate le Pr Nadir Saoudi, chef de service de cardiologie au Centre hospitalier Princesse-Grace (CHPG) et professeur à l’Université de Pennsylvanie. Pour la septième année consécutive, il organisait, en mars dernier, une formation, devenue une référence au niveau international, pour les cardiologues: le Monaco-USA Arrhythmia Course. Avec, cette année, pour fil rouge : la tachycardie extra-cardiaque, deux termes qui peuvent paraître antagonistes, la tachycardie évoquant pour tous, un coeur qui s’emballe. «La tachycardie peut, en réalité, trouver son origine en dehors des quatre chambres cardiaques. Et on peut la soigner en restant à l’extérieur du coeur. »
% des plus de ans
La cause la plus commune de tachycardie est la fibrillation auriculaire FA (activation anarchique des oreillettes). Elle survient chez 1 % de la population générale et 8 % après 80 ans. « Les régions le plus souvent en cause dans ce trouble du rythme se situent à la jonction de l’oreillette gauche et des veines pulmonaires, et sont composées pour des raisons embryologiques, d’un mélange de tissus veineux et cardiaque ; cela crée une instabilité électrique qui, dans 90 % des cas, est à la source de la FA », résume l’expert. Lorsque la fréquence des crises est importante, et que la qualité de vie s’en trouve très altérée [lire encadré], le traitement s’impose. «Le malade a le choix entre l’ablation par radiofréquence et un traitement médical préventif; sachant que l’ablation est plus efficace, mais comporte à très court terme un peu plus de risques. Elle consiste à piquer la veine fémorale, puis à monter une sonde jusqu’à l’oreillette gauche où se situent les veines pulmonaires. Cette sonde va émettre un petit courant électrique de fréquence particulière,
quasiment insensible, qui va détruire les tissus malades à l’origine des anomalies.» Une alternative existe,
l’ablation par cryothérapie. « Au lieu de « chauffer » le coeur, on utilise le froid (-70° C pendant 5 minutes) pour tuer les cellules. » Ce type de traitements des veines pulmonaires est efficace sur au moins 90 % des cas de fibrillation dans les formes débutantes (FA paroxystique).
Reliquat embryonnaire
Si les veines pulmonaires constituent la région la plus souvent incriminée dans la FA, d’autres foyers peuvent en être la genèse comme la veine cave supérieure, le sinus coronaire, ou encore, beaucoup moins connu, la veine de Marshall, une sorte de reliquat embryonnaire, à la jonction entre le sinus coronaire et la veine pulmonaire supérieure gauche. « Cette zone est composée de tissu veineux supposé sans activité électrique. Mais il arrive, qu’elle abrite quelques fibres de muscle cardiaque. Cette cause d’arythmie est suffisamment rare (environ 1 % des cas) pour qu’on n’aille pas la chercher systématiquement; on la recherche seulement dans les formes résistantes, chez les patients chez lesquels on a réalisé une ablation au niveau des veines pulmonaires et qui continuent de présenter des symptômes.» Lorsque cette veine est en cause dans l’arythmie, le traitement va consister en l’injection d’alcool destiné à tuer les tissus malades, « ces veines étant trop petites pour que l’on puisse y introduire une sonde. » Une procédure qui peut impressionner,
mais au bout du compte, un vrai soulagement. Ne pas traiter une fibrillation auriculaire, c’est prendre le risque qu’elle ne s’aggrave, devienne persistante, voire permanente, exposant à un risque élevé d’AVC embolique. Et là, la médecine est beaucoup plus démunie.
L’ablation, efficace dans % des cas