Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Prothèses en ambulatoir­e : la marche à suivre

Chirurgie Accompagna­nt le développem­ent de la chirurgie ambulatoir­e en orthopédie, des protocoles bien huilés sont mis en place pour que les patients récupèrent le plus vite possible

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

RRAC. Pour Récupérati­on rapide après chirurgie. Un concept né il y a une vingtaine d’années et qui repose sur quelques mesures assez simples (anesthésiq­ues, chirurgica­les, paramédica­les…) destinées à réduire le stress chirurgica­l et rendre ainsi les suites opératoire­s moins compliquée­s, plus confortabl­es et plus courtes. Avec, à la clé, un retour au domicile plus précoce. Ce sujet était au centre de la Sixième journée niçoise de chirurgie et de rééducatio­n de l’appareil locomoteur qui s’est tenue à Valbonne. Selon le Dr Alain Mandrino, chirurgien orthopédis­te et organisate­ur de ce congrès, «la finalité de tout ça, c’est bien sûr la chirurgie ambulatoir­e [le patient regagne son domicile le jour de l’interventi­on, ndlr] qui représente une volonté forte des tutelles. Mais cette marche forcée, on s’aperçoit qu’elle est surtout bénéfique pour le patient, puisqu’il s’agit de lui permettre de récupérer au plus vite ses capacités et de faire en sorte qu’il ait le moins d’effets secondaire­s liés à l’interventi­on».

Indépendan­t des techniques chirurgica­les

La mise en oeuvre des procédures RRAC permet depuis peu d’envisager la prise en charge en ambulatoir­e d’interventi­ons réputées comme lourdes et ou douloureus­es, comme les prothèses de hanche et de genou, pour lesquelles c’était jusqu’à très récemment encore exclu. Et, «elle ne dépend ni des tutelles ni des techniques chirurgica­les employées, mais d’un ensemble de choses qui permettent de gérer le patient», insiste le spécialist­e. Première étape: bien sélectionn­er le patient. «En amont de l’interventi­on, dès les premières consultati­ons, le chirurgien doit évaluer si le patient peut bénéficier d’une chirurgie ambulatoir­e. Il existe, en effet, certaines limites comme le fait de vivre seul, ou loin de l’établissem­ent de santé, ou encore de présenter certaines comorbidit­és, telles un diabète très instable, une insuffisan­ce rénale…» Lorsque le patient est dit éligible pour ce type de chirurgie, il doit être inscrit ensuite dans un système où il peut bénéficier d’informatio­ns spécifique­s sur l’organisati­on du circuit. Un circuit qui fait intervenir les paramédica­ux formés et habitués à ce type de prise en charge. «En amont de l’opération, ils contactent le patient pour s’assurer par exemple de l’achat de certains médicament­s, ou discuter du suivi post-chirurgica­l.» C’est ensuite au médecin anesthésis­te de donner son avis. «L’existence de certains problèmes médicaux peut l’amener à proposer que le patient reste plus longtemps à l’hôpital.» Vient ensuite le temps de l’interventi­on elle-même, dont le caractère mini-invasif a permis de réduire l’agression chirurgica­le. « Il s’agit de l’alléger, et d’y associer des techniques d’anesthésie qui permettent de limiter les saignement­s (pendant et après l’opération) et réduire les douleurs postopérat­oires». Des anesthésiq­ues locaux sont ainsi injectés pendant l’interventi­on.

« Mobiliser rapidement le patient »

La suite? «Il est très important de mobiliser rapidement le patient. D’où le choix d’une technique anesthésiq­ue qui autorise le déplacemen­t (bloc sensitif plutôt que moteur).» Une heure à peine après être remonté dans sa chambre, le patient opéré commence à marcher, assisté d’un kiné. A 18 h, il marche seul avec ses cannes, sous surveillan­ce. A 19 h, il peut rentrer à son domicile en ambulance.Comme une impression d’avoir été jeté hâtivement dehors? «C’est tout sauf ça, s’insurge le Dr Mandrino. Dès son retour à domicile, le patient est pris en charge par une infirmière formée, qui va pouvoir, en lien avec le chirurgien, gérer les suites, et notamment le rebond douloureux observé à la 48e heure post-chirurgica­le. Très rapproché, ce suivi progressiv­ement s’espace, et généraleme­nt au bout d’un mois, le patient a retrouvé son autonomie.» Des enquêtes menées outre-Atlantique, où ce type de procédures est en place depuis 10 ans pour les prothèses, rendent compte d’une profonde et unanime satisfacti­on de la part des patients. «L’aspect psychologi­que n’est pas négligeabl­e, note en conclusion le Dr Mandrino. Certains

patients refusent cette prise en charge, par peur, et il ne faut pas chercher absolument à les convaincre. Mais, chez la majorité, elle permet au contraire de dédramatis­er l’interventi­on, d’appréhende­r avec beaucoup moins de gravité la maladie.» Et probableme­nt de contribuer ainsi à un retour facilité à la normale.

 ?? (DR) ?? Le RRAC (ou Fast-Track-Chirurgie des Anglo-Saxons) désigne l’ensemble des procédures de prise en charge (anesthésiq­ues, chirurgica­les, paramédica­les…) permettant au patient opéré de récupérer le plus rapidement possible sa fonction.
(DR) Le RRAC (ou Fast-Track-Chirurgie des Anglo-Saxons) désigne l’ensemble des procédures de prise en charge (anesthésiq­ues, chirurgica­les, paramédica­les…) permettant au patient opéré de récupérer le plus rapidement possible sa fonction.

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