Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le paysage politique varois change mais pas trop

Fillon cède du terrain mais limite la casse, Le Pen fait moins bien qu’aux régionales mais cartonne presque partout, Macron s’installe, Mélenchon s’implante. Tous contents? Pas Benoît Hamon

- PATRICE MAGGIO pmaggio@nicematin. fr

Les électeurs varois n’ont pas sauté au cou, hier, d’Emmanuel Macron. Rares sont les communes où le candidat «En marche ! arrive en tête. Souvent dans la zone des 15-20 %, il a eu du mal à imposer ses idées dans les territoire­s les plus éloignés des grandes villes. Son score ressemble furieuseme­nt à celui de Hollande en 2012.

Le FN confirme sans renverser la table

Le Var, bastion du Front national : c’était vrai en 2015, quand il s’envolait au premier tour des élections régionales avec 45 % des voix. Ça le reste en avril 2017 : Marine Le Pen est en tête, contrairem­ent à 2012. Elle confirme son ancrage, sur le littoral comme dans l’intérieur des terres, partout où s’est creusé le fossé entre les électeurs et la classe politique. Il réalise aussi de bons résultats dans les communes qu’il gère, comme Fréjus où la candidate lepéniste améliore son score de 7 points et au Luc de 8 points. De quoi se réjouir à l’extrême droite même si Marion Maréchal-Le Pen a obtenu de meilleurs résultats que sa tante, il y a seize mois.

Douche froide pour la droite

Guy Mollet trouvait sous la IVe République que notre droite était «la plus bête du monde». Christian Estrosi en a rajouté hier soir une couche, évoquant «le plus grand gâchis de l’histoire politique pour la droite française». Une amertume que les militants varois LR et UDI doivent avaler et ravaler encore, ce matin, à la lecture des résultats tant nationaux que départemen­taux. Certes, la famille politique aux huit députés, aux dizaines de maires, aux milliers d’adhérents ne s’est pas effondrée dans le Var. Elle montre encore ses muscles à Saint-Tropez, au Lavandou, ou à Saint-Raphaël, dont le maire Georges Ginesta, était un supporter de Fillon de la première heure : 38 %, c’est encore mieux que Sarkozy en 2012. En revanche, la droite paye l’addition Fillon dans de nombreuses communes où le coeur des militants battait plus fort pour Sarkozy et Juppé, comme Hyères, La Valette, Vidauban ou Toulon (- 9 %) où le FN est en tête.

Mélenchon, champion de l’autre gauche

À l’échelle varoise, c’est un mini-séisme. La gauche radicale qui s’était résolue à faire de la figuration depuis des décennies était assise hier sur un épais matelas de bulletins de vote. Le drapeau de la France Insoumise flotte même sur des petites communes du haut-Var. Cette « Mélenchoma­nia » explique sans doute le score en dedans d’Emmanuel Macron dans le départemen­t. À La Seyne, seule grande ville de gauche, il reste derrière Le Pen.

Le PS n’a plus d’électeurs dans le Var

François Hollande frôlait les 20 % il y a cinq ans dans le Var. Le nouveau candidat du parti socialiste bataillait hier presque partout avec les petits candidats sous les radars des 5 %. Un réservoir de voix siphonné par Emmanuel Macron, avec l’assentimen­t de nombreux élus socialiste­s qui n’ont pas attendu l’entre-deux tours pour se rallier.

Dupont-Aignan, le sixième homme

Le sixième homme de cette élection avoisine dans le Var, les scores obtenus au niveau national, flirtant avec la barre des 5 %. Plutôt encouragea­nt donc, pour un candidat qui errait à moins de 2 % en 2012.

Oui, mais demain ?

Le dégagisme n’a pas triomphé, hier dans le Var. Mais le paysage politique est fortement modifié. L’élection d’Emmanuel Macron et la poussée de Jean-Luc Mélenchon perturbera­t-elle les duels annoncés entre droite et Front national aux législativ­es ? Contrairem­ent à la présidenti­elle, trois candidats peuvent se qualifier pour le second tour de cette élection.

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(Photo D.L.) Marine Le Pen arrive en pole position à La Seyne avec ,  % des voix.

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