Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
De la joie à la colère, En Marche! à Toulon: «Il va falloir continuer de convaincre autour de nous»
« Les minutes les plus longues de la campagne » s’écoulent, hier entre 19 h 30 et 20 heures, dans le salon de M. et Mme Vautrin, transformé en QG local de campagne. Une banderole En Marche ! a été chichement étendue sur le balcon de la villa, à l’ouest de Toulon, et chacun a été invité à apporter une bouteille de champagne. « Le champagne est nécessaire en temps de défaite, et obligatoire en temps de victoire. » Gilles Vautrin, responsable du comité ToulonOuest, ne pouvait pas se tromper en empruntant cette phrase à Sir Winston Churchill. 19h40: «Si Emmanuel Macron n’est pas au second tour, je ne saurais pas quoi faire, lâche Étienne, 24 ans, On pourrait me ranger dans les indécis jusqu’au jour du second tour.»
« J’ai tout de suite su qu’il irait loin »
Danielle, 80 ans, est plus confiante. « J’ai tout de suite su qu’il irait loin, mais chez une partie des gens que je fréquente, on est plutôt très à droite. » Quand les premières estimations tombent, à 20 heures, le stress est évacué par des applaudissements. Et un premier bouchon saute, les flûtes sont remplies. « C’est dingue que tant de gens votent Mélenchon », commente Dominique, l’époux de Danielle, manifestement un ancien militaire. Étienne, le jeune directeur d’un centre de vacances, prévient : «ça n’est pas fait, il va falloir convaincre les gens de voter Macron. J’en connais qui disent préférer le racisme au libéralisme… » Sur l’écran de la télévision, Jean-Pierre Raffarin appelle à voter Macron. L’assistance pousse un « aaaahh… »de soulagement. Vient le tour de Benoît Hamon. « Moi j’aimerais que tous ces gens puissent participer, qu’ils fassent un gouvernement avec les bonnes idées des uns et des autres », plaide AnneMarie Vautrin. Cette ancienne prof d’histoire-géo avait toujours voté PS aux présidentielles : « La gauche n’a pas fait son travail, elle a passé son temps à nier les problèmes. Le politiquement correct nous a fichu dedans.» Les militants – ceux qui étaient retenus dans les bureaux de vote pour les dépouillements – et les bouteilles de champagne continuent d’arriver dans le salon des Vautrin. À 21 heures, ils sont une vingtaine. « Ouais ! On a gagné ! »
« Pas un chèque en blanc »
« C’est la première fois depuis des années que je vote par adhésion, confie Alexandre, la cinquantaine, qui a voté Sarkozy en 2007 et en 2012, mais ce n’est pas un chèque en blanc.» Cet ancien adhérent à l’UDF, « très impliqué dans la vie locale », s’est écarté du parti Les Républicains après la primaire de la droite. « Quand j’ai vu Fillon cerné par les sarkozystes, ça m’a calmé. Et les affaires ont scellé son cercueil.» Dans le salon-QG, le candidat PS aux législatives à Toulon Valentin Giès (voir en page de droite) fait son entrée. « J’ai dit tout haut ce que les trois-quarts des socialistes pensaient tout bas (...) Pour gagner, il faut dépasser les clivages… » Gilles Vautrin fait partie des derniers arrivés chez lui. Champagne rosé. « C’est une belle bataille mais nous n’avons pas gagné la guerre. Il faut parler du programme, du candidat, de la démarche. Merci à tous ceux qui ont donné de leur temps, de leur intelligence !»