Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le loup s’approche du village
Dans la nuit de vendredi à samedi, la semaine dernière, Nathalie Aznar a perdu trois moutons, tués par des loups. Ayant assisté de près à la scène, la propriétaire est sous le choc
Une peur terrible», c’est ce qu’a ressenti Nathalie Aznar dans la nuit de vendredi à samedi, la semaine dernière. Pour cette restauratrice d’Aups, la soirée était pourtant habituelle, après être rentrée tard dans la nuit de son lieu de travail. C’était sans compter sur l’attaque de loups en pleine nuit sur ses moutons dans sa propriété pourtant clôturée à Fox-Amphoux.
Témoin de la scène
Dans la nuit, première alerte : « J’ai entendu la cloche de mon bouc mais je ne me suis pas plus inquiétée ». Mais quand à 4 heures du matin, une voisine vient la réveiller, ses trois moutons sont sans vie, seul restant le bouc qui a pu sauter pardessus la clôture de la parcelle. Choquée, elle rentre chez elle et sort une heure plus tard pour procéder aux premières constatations sur ses bêtes. Sauf qu’elle assiste alors à l’impensable : « En sortant, je vois trois loups en train de manger mes moutons. J’étais à 30 mètres d’eux, et ils se sont tournés vers moi. Ils n’ont pas eu peur de moi puisqu’ils ont continué à manger ensuite », témoignet-elle. Une image insupportable pour celle qui possède en plus de ces bêtes des paons, des poules, ou encore des chats.
L’attaque de loups avérée
Tout en assistant au désastre, Nathalie Aznar contacte par téléphone le lieutenant de louveterie du secteur, Marc Gastaud, qui se rend sur place quelques heures plus tard. En voyant les marques sur les moutons, il confirme l’attaque par des loups : « D’après les dégâts observés, on peut affirmer que c’est l’oeuvre de loups. Probablement de jeunes prédateurs car ils n’ont que peu mangé sur les bêtes ». Une explication corroborée par la police de l’environnement le lendemain, venue constater à son tour le préjudice subit par la propriétaire.
Le loup s’approche des habitations
Ces derniers mois, les attaques de loups ont été nombreuses dans le centre Var et haut Var (voir par ailleurs), et souvent beaucoup plus dévastatrices que ce dernier cas en date. Cependant, pour Marc Gastaud, la situation est cette fois très différente : « Les loups ont été ravageurs ces derniers temps, comme cela a pu arriver par le passé. Mais dans le cas de Nathalie Aznar, on a franchi un cap : des loups ont tué des moutons, avant de les manger en présence d’une humaine ! Et ce en ayant eu conscience de sa proximité à ce moment-là. C’est une situation inédite ». Pour le lieutenant de louveterie, ce détail ne peut signifier qu’une chose : « Le loup s’approche de l’Homme parce qu’il en a de moins en moins peur . » Un sentiment que partage Nathalie Aznar : «Cequim’a fait le plus peur dans tout ça c’est que l’on est juste à côté d’un lotissement. Je n’appelle pas à un abattage du loup, mais il faut réagir. Il n’est pas à sa place ici. J’ai parlé avec les gens du voisinage qui sont eux aussi surpris et inquiets de les voir approcher autant, surtout qu’il y a des enfants parmi ces familles ».
Quelle solution ?
Si elle refuse de voir le nombre de loups être fortement réduit, Nathalie Aznar demande l’intervention des pouvoirs publics afin de ne pas laisser empirer la situation : « Je peux comprendre que les éleveurs et bergers soient fatigués. Il faut que l’État fasse quelque chose, sinon ce sont les particuliers qui vont tirer d’eux-mêmes sur les loups ». Bien que conscients des dégâts provoqués, les pouvoirs publics doivent aussi prendre en compte le statut d’espèce protégée du loup. Une situation qui n’a pas échappé à Marc Gastaud : « Le problème du loup se rapproche
On a franchi un cap. C’est une situation inédite”
du sanglier, à savoir qu’on les voit régulièrement à proximité des habitations. Le loup à sa place, j’en suis un défenseur. Mais je dois avouer à contrecoeur qu’il faut réguler son nombre plus qu’on ne le fait aujourd’hui (deux tirs ont été autorisés dans le Var cette année, Ndlr) ». Et pour lutter contre les attaques récurrentes, il propose de modifier les pratiques actuelles : « Il faut adapter le quota de prélèvement national, qui est d’une trentaine par an aujourd’hui, à des quotas régionaux où les zones à risques pourraient prélever plus de loups. L’ONCFS dit qu’il y en a environ 330 en France, je pense que ce chiffre est très sousestimé. On refuse de voir la réalité des choses car ils sont protégés. Mais il ne faut pas que le loup devienne un véritable problème». En attendant, Nathalie Aznar ne veut pas céder à la panique, même si elle avoue « avoir peur en rentrant chez elle le soir ».
Le loup ne doit pas devenir un problème ”