Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

On prend pour des maladies des choses qui n’en sont pas.

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Pensez-vous que ces pratiques pourraient toujours avoir cours ? Oui, dans la mesure où rien n’interdit de pratiquer la médecine différemme­nt; il s’agit surtout d’un d’état d’esprit. Les médecins ne sont pas obligés de se reposer d’emblée sur des examens complément­aires, d’assimiler la consultati­on à un traitement… Les médicament­s en particulie­r ont tout envahi, ils sont devenus la réponse universell­e. Quoi qu’il en soit, avec les problèmes économique­s auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, tout ne peut, et ne pourra être résolu par des prescripti­ons.

Cette vision ne tourne-t-elle pas le dos au progrès thérapeuti­que ? Il y a des pathologie­s graves, cancers, hépatite C, etc., pour lesquelles le progrès est indispensa­ble, et qui imposent le recours à des thérapeuti­ques… Mais souvent on prend pour des maladies des choses qui n’en sont pas ou qui ne sont pas si sérieuses. Beaucoup de patients ne savent pas en réalité ce que c’est une maladie. Quoi qu’il en soit, l’accompagne­ment doit toujours tenir compte de la dimension psychologi­que, sociale, culturelle. Souvenez-vous, dans Faulkner, ce très vieux médecin apprécié dans son canton, parce qu’il sait arriver trop tard. Il sait soigner les gens, mais il sait aussi quand il faut s’arrêter, les laisser mourir, les accompagne­r dans la mort et non pas s’acharner sur eux.

La médecine a changé. Mais, les patients ne sont-ils pas eux aussi différents ? La scientifis­ation de la médecine, très poussée, s’est accompagné­e d’une consuméris­ation de la relation avec le médecin; on consomme de la médecine, et on en a pour son argent. Les patients sont devenus très consuméris­tes. Ils veulent des services maximums, et ça contribue à ce que les médecins se défaussent.

Comment vous définissez-vous aujourd’hui ? Je suis un médecin qui raconte des histoires, qui écrit à partir de sa vie, et pas à partir de ce qu’il a vu. Un médecin qui écrit est confronté à un problème très important, celui du serment d’Hippocrate. On ne parle pas de ce qu’on a vu dans les maisons, et c’est très compliqué, le jour où on se met à écrire, de puiser dans ses souvenirs ; il y a l’interdit du secret profession­nel qui pèse.

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