Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des cages différente­s... mais un même but

- Texte : Laurent Seguin Photos: Michel Johner

C

e palais des sports Jean-François Krakowski devant lequel nous lui avions donné rendez-vous, Gaëtan Deneuve l’a trouvé sans aucune difficulté. Sans doute parce que le gardien de but de l’Étoile réside à quelques encablures de l’antre du SRVHB. Sans doute aussi parce qu’il en connaît le chemin par coeur, lui qui de son aveu, y vient «quatre à cinq fois par saison ». Mais s’il confie passer parfois au palais des sports de Saint-Raphaël en voisin, Gaëtan Deneuve concède surtout s’y rendre toujours en anonyme. Exactement comme n’importe quel spectateur, et presque même sur la pointe de ses crampons. Par crainte de déranger sans doute. D’un naturel plutôt discret, le récent quart de finaliste de la coupe de France n’avait donc, jusqu’ici du moins, jamais osé bavarder avec ceux qu’il regarde forcément un peu plus que les autres lors des matches de handball auxquels il assiste. Non, jamais le rempart de l’Étoile n’avait engagé la conversati­on avec l’un des trois gardiens du SRVHB, dont il dit pourtant s’inspirer. Alors on lui a proposé de les rencontrer, en supposant qu’ils auraient pas mal de choses à se dire. Et après quelques coups de fil pour jongler avec les agendas des uns et des autres et notamment avec le calendrier chargé d’un SRVHB dont la fin de saison s’annonce plus que prometteus­e, le rendez-vous était pris. En terrain connu donc. Ce jour-là et alors que Mihai Popescu était avec la sélection nationale roumaine, c’est Slavisa Djukanovic qui s’est chargé d’accueillir Gaëtan. Et comme « Micha » n’est pas du genre à prendre des gants, même en dehors des terrains, les premières vannes ont très vite fusé. « Mais t’es tout petit », a d’entrée lancé le gardien du SRVHB à celui de l’Étoile. La glace était rompue, le miroir pouvait agir.

« Vous êtes encore plus fous que nous »

Techniques, réflexes et surtout méthodes d’échauffeme­nt, les deux gardiens raphaëlois ont ensuite échangé de longues minutes sur leurs métiers, à la fois très proches, mais aussi tellement différents. « Vous êtes quand même sacrément plus exposés que nous, glissait Gaëtan Deneuve. Vous vous faites allumer à bout portant. Vous êtes encore plus fous que nous. » Slavisa acquiesçai­t d’un sourire et confiait n’avoir jamais eu peur de la balle. «Au handball, le ballon t’arrive parfois en plein visage, il faut alors incliner ta tête d’une certaine façon vers le bas, pour mieux l’encaisser », expliquait le gardien serbe en accompagna­nt la parole d’un geste. Après quelques instants consacrés aux méthodes employées pour boucher les angles des attaquants, Slavisa Djukanovic s’arrêtait ensuite sur la différence d’intensité entre les deux postes. « Eux n’ont parfois que deux ou trois ballons pour s’exprimer sur un match. Nous, c’est un par minute, expliquait le rempart du SRVHB. Ça nous donne le droit à l’erreur et on vit mieux le fait d’encaisser un but, mais on n’a aucun répit. »

Au handball, le ballon t’arrive parfois en plein visage, il faut alors incliner ta tête d’une certaine façon vers le bas, pour mieux l’encaisser ” Slavisa Djukanovic, gardien de but du SRVHB

Une différence confirmée par Gaëtan, qui assure sortir parfois de son match, pour s’aérer un peu l’esprit. « Ça doit être épuisant d’être à bloc pendant une heure, poursuivai­t alors le gardien de l’Étoile. D’ailleurs, tu es quand même sacrément affûté. Donne-moi ta recette, car si je peux être comme toi à trente-huit ans, je signe tout de suite. »

« Il n’y a qu’un gardien qui puisse comprendre un gardien »

Les conseils sur les étirements et leur importance s’enchaînaie­nt ensuite, avant que Gaëtan s’étonne de l’absence d’un entraîneur dédié aux gardiens. « C’est partout comme ça, lui a expliqué le responsabl­e de la communicat­ion et du marketing, Émeric Paillasson. Ça viendra sans doute plus tard, quand la profession­nalisation progresser­a encore un peu. Mais pour l’instant, les clubs font sans. » Pourtant, comme l’affirment à l’unisson Slavisa Djukanovic et Gaëtan Deneuve, « il n’y a qu’un gardien qui puisse comprendre un gardien ». Et ces deux-là se sont parfaiteme­nt compris. Sans doute parce qu’ils partagent le même but. Celui de ne pas en prendre. Que ce soit au stade Louis-Hon de l’Étoile ou dans ce palais des sports dont Gaëtan connaît donc désormais le chemin, mais surtout le gardien… du moins le gardien de but.

Même si c’est du handball, j’ai plein de choses à apprendre de lui ” Gaëtan Deneuve, gardien de but de l’Étoile Fréjus/Saint-Raphaël

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France