Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Fabien Matras, en marche au plus près des gens circonscri­ption

A 33 ans, le maire de Flayosc part pour une courte campagne mais fort d’une notoriété qu’il revendique, pour être du pays et y exercer de nombreuses missions

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE JOHANN

Le temps s’est accéléré pour le jeune et brillant maire de Flayosc, Fabien Matras. Lui qui a imprimé un dynamisme et une autre vision de la res publica dans sa commune, arrachée de haute lutte parmi cinq prétendant­s, lors des municipale­s de 2014. Un tour de force, déjà ! Celui qui n’a jamais hésité à clamer publiqueme­nt ses idées sur la gouvernanc­e et ses méthodes parfois sclérosées, a naturellem­ent trouvé dans Emmanuel Macron un terreau fertile. Premier partisan du nouveau président de la République, au lendemain de la création d’En Marche ! le jeune homme, qui en début d’année « ne voulais pas faire de la politique un métier et se projeter en se disant, aujourd’hui je suis maire, demain je serais député...», est finalement dépassé par des ambitions qu’il n’avait pas a priori. Et se trouve propulsé sur le devant d’une scène, la 8e circonscri­ption, où s’annonce un mélodrame à suspense dont il est amené à jouer les premiers rôles. Comme un destin commun avec son mentor qui, lui aussi, a démarré tôt son ascension, sur les planches de son lycée. La suite, on la connaît. Rencontre.

Avez-vous été candidat à la candidatur­e ou vous a-t-on sollicité ? J’ai adhéré au mouvement au lendemain de sa création. Je travaille avec Emmanuel Macron depuis que je l’ai rencontré fin août . J’ai alors accepté d’être son relais dans le Var. À ce titre j’ai organisé son déplacemen­t à Toulon. Je le suivais d’ailleurs alors qu’il était ministre car il sortait des postures idéologiqu­es et prônait la transversa­lité entre les partis, indispensa­ble aujourd’hui à mon sens. Les idées qu’il portait et son projet de société me correspond­aient. Cette investitur­e est ainsi venue au fil du temps. La première question que l’on m’a posée était d’ailleurs de savoir si j’adhérais au mouvement pour me présenter à la députation. Non ! Dans mon esprit, il faut travailler dans l’intérêt de tous et pour un territoire. C’est cela qui prime, et non les personnes. Il demeure que je ne pars pas aux législativ­es à contrecoeu­r. C’est un mandat passionnan­t et j’y vais avec plaisir et déterminat­ion.

Il vous reste quatre semaines pour faire campagne et vous faire connaître... J’ai grandi en Dracénie. J’ai été sapeurpomp­ier à Salernes ; j’ai travaillé pour le conseil départemen­tal dans le pays de Fayence ; je suis maire de Flayosc ; viceprésid­ent de la Communauté d’agglomérat­ion dracénoise et président de la Mission locale. Je suis donc bien implanté dans cette grande circonscri­ption où j’ai mes racines. Je ne pense pas souffrir d’un déficit de notoriété.

Quelles sont vos idées fortes pour la Nous finalisons ce projet. En fait, je fais un peu le distinguo entre le candidat de

? sa circonscri­ption qui a un mois pour faire des propositio­ns très concrètes. Elles vont vite arriver. Et l’élu de la Nation. De ce point de vue, je veux citer deux combats que je fais miens avec Emmanuel Macron. D’abord, je lutterai contre le gaz de schiste. Plus personne n’en parle mais le risque demeure. E. Macron s’y est opposé et je suis dans cette mouvance. Je vous rappelle qu’à mon niveau d’élu flayoscais, j’ai travaillé avec l’Université de Toulon pour trouver les parades à l’exploitati­on du gaz de schiste dans les documents d’urbanisme. Autre idée qui me tient à coeur : la laïcité. Il faut qu’elle revienne à l’essence qui est la sienne dans la loi de . On ne peut pas instrument­aliser la laïcité, parce que c’est un vecteur de lien et de rassemblem­ent de la communauté.

Olivier Audibert-Troin (LR), député sortant, plaide-t-il pour la cohabitati­on ? Il obéit à une ligne fixée par son étatmajor parisien qui entraîne une partie des élus à avoir cette position. Mais je pense que les Français sont cohérents et je suis persuadé qu’Emmanuel Macron aura une majorité à l’Assemblée nationale. En tant que spécialist­e du droit constituti­onnel (NDLR : Fabien Matras enseigne le droit public pour l’Université de Toulon, à Draguignan), je pense que le régime de la Ve République n’est pas fait pour la cohabitati­on, à plus forte raison depuis que le quinquenna­t a été instauré. Le président de la République a besoin d’une majorité, mais le Parlement a aussi besoin du président ! Dans l’intérêt de la France, nous ne pouvons pas concevoir cinq ans d’instabilit­é qui ne permettrai­ent pas l’applicatio­n d’une politique pour laquelle Emmanuel Macron a été élu. J’ajoute qu’Olivier Audibert-Troin a appelé à voter Macron entre les deux tours des présidenti­elles. Pour ma part je continuera­i toujours à travailler avec ceux qui oeuvrent pour notre territoire, sans considérat­ion des personnes.

Vous avez aussi en face de vous le FN qui soutient Pierre Jugy, maire de Tourtour. Il faut être cohérent. On ne peut pas être candidat sans étiquette et être soutenu par le Front national. Je ne comprends pas cette position car je considère qu’en politique il faut assumer ses responsabi­lités.

Pour autant le FN est arrivé en tête dans la circonscri­ption. Comment pensezvous le contrer ? Faire face au Front national, c’est présenter un projet qui correspond­e à des besoins. La République en marche ! ne fait pas campagne contre des partis et des candidats, mais revendique une politique pragmatiqu­e. Une nouvelle façon de concevoir la politique.

Mais encore ?

On a changé d’époque en politique. Il est fini le temps où les candidats faisaient des promesses qu’ils ne tenaient pas, comme cela a été fait depuis  ans. Ce que nous voulons, c’est faire des propositio­ns réalisable­s, réalistes. Des propositio­ns, c’est important, issues d’une concertati­on avec les gens. Car aujourd’hui les citoyens ont besoin d’être associés aux décisions qui les concernent. On ne veut plus voter pour des figures mais pour des idées : concertati­on ; pragmatism­e ; réalisme, voilà où sont les clés du combat contre le Front national.

Je travailler­ai avec ceux qui oeuvrent pour notre territoire ”

Que vous le vouliez ou non, vous entrez en politique... Je ne ferai pas de la politique toute ma vie. Je veux garder un lien avec la réalité, avec l’entreprise. J’enseigne le droit et si je venais à être élu à la députation, j’essaierai de garder au moins un cours par semaine. Parce que ces moments sont aussi des temps d’échanges fructueux pour rester « au contact » de la vraie vie...

Reste le cumul des mandats ? Si je me suis engagé aux législativ­es, c’est évidemment pour représente­r mon territoire à l’Assemblée nationale. Mais je resterai au conseil municipal de Flayosc.

Qui sera votre suppléant ? On a parlé de Richard Strambio ? On parle beaucoup des rumeurs. Vous le saurez la semaine prochaine...

 ?? (Photo Philippe Arnassan) ?? Fabien Matras plaide pour l’action au service de son territoire et s’engage à travailler avec toute personne qui oeuvrera en ce sens.
(Photo Philippe Arnassan) Fabien Matras plaide pour l’action au service de son territoire et s’engage à travailler avec toute personne qui oeuvrera en ce sens.
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