Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des gènes qui font «disjoncter» le cerveau
Que connaît-on des gènes impliqués dans l’obésité? Ou plutôt dans les différentes formes d’obésité. « Il existe de rares cas d’obésité dite massive, qui se développe dès le plus jeune âge et qui est due à une mutation dans un seul gène ; on parle de maladie monogénique. Dans le cas de l’obésité “commune”, la plus répandue, ce n’est pas UN gène, mais plusieurs gènes qui sont en cause, qu’il reste à identifier. Pour cette forme d’obésité, on parle plutôt alors de prédisposition génétique», résume Stephen O’Rahilly (Cambridge). Si les situations sont distinctes, il a été montré que dans les deux cas, les gènes (impliqués ou suspectés) ciblent le cerveau. « Ils codent pour des protéines qui jouent un rôle important au niveau du système nerveux central (SNC) et en particulier au niveau des centres qui contrôlent la prise alimentaire. » Ce qui signifie que la prédisposition « génétique » à développer l’obésité commune est due à des dysfonctionnements au niveau du système nerveux central. « Dans ce contexte, il est important de développer encore les recherches sur les mécanismes centraux de contrôle de l’appétit» , insiste le Pr Emmanuel Van Obberghen. Et en attendant de décrypter ces mécanismes, un impératif: « protéger » les personnes vulnérables face à la prise de poids. Comment? Le spécialiste a un début de réponse : « Les pouvoirs publics doivent multiplier les initiatives visant à réduire la présence dans l’environnement, de facteurs favorisant l’ingestion excessive de calories. » Dans notre société que l’on dit « obésogène », les porteurs d’un certain patrimoine génétique, sont des proies faciles. Plutôt que les culpabiliser, essayons de les mettre un peu à l’abri de la tentation !