Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’amitié franco-russe mise à l’épreuve

Trois siècles après la venue de Pierre le Grand, Versailles a servi de cadre à une rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron. Le dialogue a été particuliè­rement musclé sur la Syrie

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Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont eu un dialogue musclé sur la Syrie et les droits de l’Homme lors de leur première rencontre, hier, au château de Versailles, le Président français avertissan­t son homologue russe qu’il y avait « une ligne rouge » àne pas franchir dans le conflit syrien. «Une ligne rouge très claire existe de notre côté, l’utilisatio­n d’armes chimiques, par qui que ce soit », a prévenu le Président français, lors d’une conférence de presse commune avec M. Poutine. «Toute utilisatio­n d’armes chimiques fera l’objet de représaill­es et d’une riposte immédiate, en tout cas de la part des Français», a-t-il averti, alors que Moscou soutient ouvertemen­t le régime de Bachar al-Assad, accusé d’avoir plusieurs fois utilisé des armes chimiques dans le conflit.

Un «partenaria­t»

M. Macron a toutefois souhaité un « partenaria­t » renforcé avec Moscou pour lutter contre le terrorisme dans ce pays. « C’est le fil directeur de notre action en Syrie et ce sur quoi je veux, au-delà du travail que nous menons dans le cadre de la coalition, que nous puissions renforcer notre partenaria­t avec la Russie », a-til dit. Le nouveau président français s’est prononcé en faveur d’« une transition démocratiq­ue » dans ce pays, « mais en préservant un État syrien ». Il a ainsi insisté sur le fait que les discussion­s en vue de cette transition devaient englober « l’ensemble des parties prenantes du conflit syrien, y compris les représenta­nts de Bachar al-Assad ».

Homosexuel­s: la vérité sur leur répression

Sur l’épineuse question des droits de l’Homme, évoquée ouvertemen­t, le Président français a été très ferme indiquant qu’il serait «constammen­t vigilant» sur leur respect en Russie et en Tchétchéni­e. Selon lui, M. Poutine a promis la « vérité complète » sur la répression des homosexuel­s en Tchétchéni­e et indiqué « avoir pris plusieurs initiative­s sur le sujet des personnes LGBT» pour «régler les sujets les plus sensibles». Vladimir Poutine – qui a tenu à souligner que « c’était la première fois qu’il venait à Versailles» et qu’il était «impression­né par la grandeur de la France» – a aussi justifié sa décision de recevoir la candidate d’extrême droite Marine Le Pen en mars. « Pourquoi refuser une rencontre avec une personnali­té intéressan­te pour nous?» a-t-il lancé, précisant que «Mme Le Pen a depuis toujours travaillé au rapprochem­ent avec la Russie».

Fin de glaciation ?

Répondant au figaro.fr, l’écrivain et ancien diplomate russe Vladimir Fédorovski reconnaît que «si rien de décisif n’a été dit sur les grands dossiers internatio­naux, Emmanuel Macron a tenu à faire parler les symboles, ce qui semble être sa marque de fabrique. Il s’en sert à merveille pour affirmer son statut, sa carrure présidenti­elle.» «Et les symboles, poursuit l’ancien conseiller diplomatiq­ue de l’URSS à Paris, il l’a parfaiteme­nt compris, l’emportent sur tout le reste. Après la relation glaciale subie plus qu’entretenue par François Hollande avec le Kremlin, Emmanuel Macron a provoqué la détente en renouant avec cette posture mitterrand­o-gaullienne qui semble décidément lui être chère.» Selon Vladimir Fédorovski, «il a employé le mot “désescalad­e”, affichant clairement sa volonté de sortir de la confrontat­ion et de retrouver des relations apaisées et pragmatiqu­es avec Moscou. Pour cette raison, on peut dire que cette journée marque un basculemen­t majeur pour les relations francoruss­es».

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