Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Berlin accuse Trump d’affaiblir l’Occident

Le chef de la diplomatie allemande a accusé, hier, le président américain de mener une politique contraire « aux intérêts de l’Union européenne »

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Le torchon brûle entre l’Allemagne et Donald Trump. Emboîtant le pas à Angela Merkel, le chef de la diplomatie allemande a lancé, hier, une salve contre le locataire de la Maison-Blanche, accusé d’affaiblir l’Occident, des propos illustrant l’agacement de la première puissance européenne vis-àvis du président américain. «Toute personne qui accélère le changement climatique en réduisant la protection de l’environnem­ent, qui vend plus d’armes dans une zone de conflit et qui ne veut pas résoudre politiquem­ent des conflits religieux, eh bien cette personne met en danger la paix en Europe », a souligné le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel, selon un communiqué. « La politique à courte vue du gouverneme­nt américain est contraire aux intérêts de l’Union européenne », a-t-il ajouté, quelques jours après la fin de la première tournée à l’étranger de M. Trump qui l’a conduit en Arabie saoudite, en Israël, au sommet de l’Otan à Bruxelles et à celui du G7 en Italie. S’exprimant devant la presse, M. Gabriel a aussi estimé que les tergiversa­tions américaine­s sur le climat et les 110 milliards de dollars (98 milliards d’euros) de contrats d’armement à l’Arabie saoudite, pays très critiqué pour son bilan en matière de droits de l’Homme, ont rendu « l’Occident plus petit, ou en tout cas plus faible ».

Prendre son destin en main

La veille, c’est la chancelièr­e Angela Merkel, une atlantiste convaincue, qui avait ouvert le bal en estimant que l’Europe ne pouvait plus totalement compter sur les ÉtatsUnis de Donald Trump et le Royaume-Uni post-Brexit. « L’époque où nous pouvions entièremen­t compter les uns sur les autres est quasiment révolue. C’est mon expérience de ces derniers jours. Nous, Européens, devons prendre notre destin en main », a-t-elle dit. « Notre amitié avec les États-Unis, avec le Royaume-Uni, notre bon voisinage avec la Russie, aussi avec d’autres pays, cela compte bien sûr. Mais nous devons savoir, nous devons nous battre pour notre propre futur, pour notre destin », a insisté la dirigeante la plus puissante d’Europe et qui vise un quatrième mandat.

« Le droit du plus fort »

Jusqu’ici, ni les États-Unis ni les autres capitales européenne­s n’ont réagi directemen­t aux propos de Mme Merkel et de son diplomate en chef. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « reste partisan de bâtir des ponts », s’est borné à commenter, hier, son porte-parole Margaritis Schinas. L’émissaire de l’UE dans les négociatio­ns sur le Brexit, Michel Barnier, s’est dit, sur Twitter, « d’accord avec Mme Merkel » sur la nécessité pour les Européens de se prendre en main, sans évoquer ses propos sur Londres et Washington. Le sujet semble, en tout cas, faire l’unanimité en Allemagne entre les conservate­urs de Mme Merkel et les sociaux-démocrates, famille politique de M. Gabriel. Le concurrent de la chancelièr­e aux élections de septembre, l’ex-président du Parlement européen Martin Schulz, a d’ailleurs défendu sa rivale lundi et accusé M. Trump de tabler « sur l’isolationn­isme et le droit du plus fort » pour imposer ses vues.

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(Photo AFP) Sigmar Gabriel a dénoncé « la politique à courte vue » du président américain.

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