Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Rien à voir avec 1992... »
L’ancien demi d’ouverture du RCT, Yann Delaigue, champion de France en 1992 à 18 ans seulement, évoque la finale à venir et la récente performance d’Anthony Belleau
Ambassadeur sportif Orangina-Schweppes, organisateur du Tournoi des 6 Stations, consultant rugby, Yann Delaigue poursuit sa route sans jamais vraiment s’éloigner du rugby. Ce week-end, l’ancien demi d’ouverture international était bien sûr à Marseille (ambassadeur sur le village de la LNR) pour assister aux deux demi-finales du Top 14. Dimanche, il sera au Stade de France, avec l’espoir de voir le RCT décrocher son 5e bouclier. Mais ce qu’il a vu à l’occasion de deux oppositions ne l’incite pas forcément à l’optimisme... Retour avec lui sur images : « Les Toulonnais se sont qualifiés à l’arraché avec un jeu fermé, à l’issue d’un dur combat. Le moment charnière du match est l’expulsion d’Aguillon, un fait de jeu de plus en plus fréquent qui peut créer un déséquilibre dans une équipe… Ou pas. On l’a vu dans l’autre demi-finale qui était déséquilibrée en terme de niveau. Clermont a été bien meilleur que le Racing. C’était net et sans bavure et même à 14, ils ont dominé le Racing. C’est dire la puissance et la force de cette équipe. Je pense que le retour du Racing en fin de match est anecdotique. Le match était alors largement gagné. Clermont a clairement impressionné. »
« Clermont est largement favori »
Pas d’hésitation possible donc après cette démonstration. Juste l’espoir qu’à 23 contre 23... : « Clermont est largement favori. Ils sont meilleurs sur la saison régulière, ils sont incroyables sur ces phases finales. Mais une finale, quand tu rentres sur le terrain, il faut la jouer… » rappelle en souriant celui qui fut à 18 ans et contre toute attente, champion de France avec le RCT. C’était en 1992 et d’aucuns avancent aujourd’hui que le contexte 2016-2017 ressemble à cette fameuse saison où la jeunesse toulonnaise (Delaigue, De Rougemont, Orsoni, Teisseire) avait pris le pouvoir après un début d’exercice catastrophique, pour aller voir comment c’était plus haut... Yann ne valide pas vraiment cette vision des choses. « Mis à part l’émergence d’un jeune numéro 10, je ne vois pas en quoi ça ressemblerait à 1992. Oui pour l’année difficile mais en 92, on jouait la descente. Là, ils ont quand même fini 4es de la phase régulière. Ok, la saison n’a pas été fantastique mais quand même, ils ont fait le taf. Il me semble aussi que notre jeu était plus équilibré en phases finales en 92. Là, on a un Toulon qui use, encore et encore de sa puissance. On a un peu l’impression qu’il y a un plan A, un plan B, et un plan C. Mais que le plan A, c’est détruire l’adversaire, le plan B détruire l’adversaire et le plan C pareil… Ce n’est pas une critique mais aujourd’hui, ils se sont recentrés sur ça. Ils le font très bien et ce serait même une erreur de changer pour la finale. » Se retrouve-t-il quand même un peu dans la prestation d’Anthony Belleau ?
« Belleau, c’est la belle histoire »
« Oui et non. Moi, j’avais fait la saison entière. Je n’avais pas été parachuté comme ça. Lui, c’est la belle histoire ! Il avait joué 250 minutes depuis le début de la saison, dont deux fois en tant que titulaire, ça ne s’était pas toujours bien passé et là, il rentre dans un groupe et il est déterminant. C’est magnifique » explique l’ancien Toulonnais. Comment a-t-il jugé sa prestation ? « Il fait une première mi-temps pas mal, mais pas extra. Il a un ou deux jeux au pied moyen. Ça passe. Par contre en seconde, il prend confiance, dès qu’il y a un intervalle, il essaie de le prendre. Il fait bien jouer ses partenaires. Giteau lui a peutêtre amené un peu de sérénité. Ce que j’ai trouvé incroyable, et les gens qui ne parlent que du drop ont oublié de le souligner, c’est la pénaltouche qu’il trouve de loin avec un angle très fermé. C’est peut-être l’insouciance de la jeunesse. Je pense qu’un joueur expérimenté aurait assuré une touche beaucoup plus courte. Lui trouve cette touche magnifique qui a mis son équipe en position de marquer… Sa performance est là et j’ai aussi adoré le voir demander le ballon sur le drop. Ça ne se bousculait pas au portillon. Il fallait quand même avoir des corones pour se dire : je vais prendre ce coup de pied. C’est bien ! »