Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le billet de Philippe Bouvard À chacun son étable...
Après la rupture sociale et la rupture numérique voici que se profile la rupture médiatique. La fin d’un long concubinage entre le pouvoir et la presse. Finies les retrouvailles chaque mercredi dans la cour d’honneur de l’Elysée des journalistes battant la semelle depuis le matin et des ministres sortant du Conseil. Terminés les voyages officiels durant lesquels, dans sa trop grande bonté et pour passer le temps, le président bavardait avec n’importe quel mercenaire de l’info. Démodées les photos posées. Sanctionnées les photos volées. Les candidats au ralliement ou au reniement pourront fouler sans crainte les allées d’un palais où la débauche est encore plus fréquente le jour qu’au Bois de Boulogne la nuit. À chacun dans son étable et les vaches sacrées du quinquennat seront bien gardées ! Les secrets d’Etat vont de nouveau mériter leur nom puisqu’on n’invitera plus à croquer des petits fours dans les palais nationaux des ingrats ne faisant ensuite qu’une bouchée de leurs hôtes. Après le divorce, aucune garde alternée n’est prévue. Les membres d’une presse toujours trop pressée, sans cesse à l’affût d’une imprudence, d’une maladresse ou – mieux – d’un vrai scandale devront se satisfaire d’une conférence semestrielle dans la salle des Fêtes lorsque le chef de l’Etat, après un long monologue, consentira à répondre à des questions qu’on ne lui a pas posées.