Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
ET UN JOUR... Le août , la création d’un Hôtel des Invalides à Nice, pour accueillir des blessés de guerre, est décidée. Le projet tournera au fiasco.
Le août , sous le consulat de Bonaparte, le ministère de la Guerre décide de créer à Nice une succursale de l’Hôtel des Invalides à Paris. L’idée est bonne. Depuis les massacres de la Révolution, l’Hôtel parisien, créé en par Louis XIV, pouvant accueillir quelque trois mille soldats blessés, est devenu trop petit. Deux succursales ont été ouvertes en , à Avignon et à Louvain. Celle de Nice sera destinée «à recevoir trois cents invalides piémontais qui, par leur grand âge et leur habitude des climats chauds, ne pourraient être envoyés dans les succursales déjà établies». Bonaparte est sensibilisé à la région de Nice d’où il est allé conquérir le Piémont avec l’ «Armée d’Italie », à partir de . Les soldats de ces nouveaux territoires nouvellement conquis sont du ressort de la France. Mais une bonne décision de l’administration peut tourner au fiasco si elle est traitée à l’envers. Dans un article de Nice-Historique paru en , F. Roques décrit ce spectaculaire échec. Une fois la décision prise d’ouvrir la succursale niçoise, le processus de réalisation se met en marche.
Les bâtiments n’avaient pas été prévus
Le janvier sont créés les postes administratifs : secrétaires, soignants, gardiens, trésoriers, etc. Les salaires et indemnités de déplacements sont calculés au mieux de leurs intérêts et de ceux de l’administration. Le directeur est nommé le février : il s’agit du général Compère qui, jusqu’alors, dirigeait la succursale d’Avignon. On recrute son successeur à Avignon : le général Fugière. Le directeur procède au recrutement de son personnel. Début août , les agents arrivent sur place, certains ayant traversé la France, heureux de se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle sous le beau soleil niçois. Tout peut donc commencer à fonctionner lorsqu’on s’aperçoit… qu’il n’y a pas de bâtiment pour accueillir l’établissement ! À Paris, on avait pensé pouvoir utiliser les bâtiments militaires existants. Mi-août , le ministère de la Guerre bat en retraite : le projet niçois est abandonné. Que deviendra le personnel ? Il lui sera proposé des postes dans des établissements similaires à Aix et à Turin. Ceux qui étaient détachés de l’Hôtel de Paris retourneront dans la capitale. Les agents interrogent l’administration sur la façon dont ils seront remboursés, « après avoir effectué un voyage long et dispendieux et avoir séjourné dans une région où les denrées sont d’une cherté excessive ». L’administration de l’Hôtel des Invalides de Paris prévoit une indemnité. Quant au général Compère, sa demande de remboursement de francs de frais de route est invalidée, sous prétexte que « les généraux n’ont pas droit à des frais de déplacement si ce n’est en cas d’urgence». Le ministère de la Guerre a horreur de gaspiller l’argent public !