Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Front national à l’heure de la refondation Hollande rompt le silence pour s’exprimer sur l’engagement
Au Front national, c’est l’heure de la grande explication. Depuis sa défaite au second tour de la présidentielle et la déroute de ses candidats aux législatives, le parti d’extrême droite n’en finit plus de se déchirer sur la ligne à adopter. Pour mettre à plat les tensions internes, Marine Le Pen réunit ses troupes pendant deux jours. Un séminaire à huis clos, qui se tiendra au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine). Les 11 millions de voix recueillies par Marine Le Pen au second tour de la présidentielle n’ont pas suffi à effacer sa prestation lors du débat de l’entredeux-tours. En interne, certains pensent que la candidate a « sapé une bonne part du travail qui avait été fait sur son image », écrit La Croix.
Fixer la nouvelle ligne
Quant aux résultats obtenus lors des législatives, ils ont aussi beaucoup déçu. Le parti espérait une trentaine d’élus ; il n’en a finalement obtenu que six (plus deux apparentés). Pas assez pour créer un groupe à l’Assemblée nationale. Invitée de France 2, jeudi, la présidente du FN a confirmé que le séminaire aura notamment pour but de « faire le bilan des élections » ,de voir ce « qui a fonctionné » et ce «qui n’a pas fonctionné ». L’autre grand chantier du parti, et il n’est pas des moindres : fixer la nouvelle ligne du FN. Aujourd’hui, deux camps s’opposent. D’un côté, ceux pour qui le parti ne peut pas se défaire de ses « fondamentaux », en l’occurrence la sécurité, l’immigration et l’identité. De l’autre, les partisans du vice-président Florian Philippot, qui tiennent absolument à la ligne « ni droite-ni gauche » et qui placent l’hostilité à l’euro au-dessus de tout. Sur le site de son association Les Patriotes, le numéro 2 du parti se dit persuadé qu’« on ne rassemblera pas une majorité de Français en se repliant sur une base programmatique restreinte ».
Changement de nom ?
La refondation du parti pourrait aussi passer par un changement de nom. Marine Le Pen y est favorable et a précisé que « cette question serait posée aux adhérents lors d’une consultation », laquelle devrait se tenir en septembre. Pour La Croix, cela « tournerait définitivement la page de l’ère de Jean-Marie Le Pen, cofondateur du parti en 1972 et dont la fonction de président d’honneur du FN devrait être supprimée. » Il avait pourtant fait savoir qu’il ne souhaitait pas se prononcer sur le bilan de son quinquennat tout de suite. Deux mois et demi après avoir quitté l’Élysée, François Hollande est néanmoins sorti de son silence lors d’une visite en Arles, dans les Bouches-du-Rhône, hier. L’ancien chef de l’État était venu y parler de sa fondation, La France s’engage. Devant des journalistes qui l’interrogeaient toutefois sur son bilan de cinq années passées à la tête de la France, l’ancien président a affirmé que « le temps de la récolte arrive, on le voit bien ». « J’avais encore sous les yeux des statistiques sur les créations d’emplois au cours du premier semestre, je laisse une situation qui, je crois, peut être utile à mon successeur » Emmanuel Macron, a-t-il poursuivi, en se gardant de tout autre commentaire politique. Interrogé sur sa fondation, dont il prendra la présidence en septembre, François Hollande a affirmé vouloir « être utile en aidant les autres ». « Depuis que je suis sorti de l’Élysée, j’ai voulu à travers une fondation susciter des vocations pour l’engagement, pour l’initiative, et faire qu’un certain nombre de projets qui peuvent avoir des difficultés à émerger mais qui ont des impacts sociaux, culturels, puissent être soutenus financièrement, humainement », a-t-il souligné. « Vous me demandez ce que peut faire un ancien président... C’est aussi, à l’échelle internationale, continuer à porter son expérience, (et) notamment sur les questions dont j’ai eu la charge – je pense au MoyenOrient, à l’Afrique, je pense à l’Irak en ce moment – permettre des solutions qui pourront installer une paix durable », a-t-il ajouté