Honneur aux sans-casier !

Le porte-parole de la dictature parlementaire vient encore de se surpasser. Volant au secours de la ministre du Travail qui naguère se faisait verser une prime à chaque nouveau licenciement survenu dans son entreprise, il a fait valoir que si elle avait attendu davantage pour toucher ces stock-options, elle aurait gagné beaucoup plus. Bravo l’artiste! Imagine-t-on un garde des Sceaux poursuivi par la justice ? Un ministre des Armées ayant longtemps vécu de la générosité d’un marchand d’armes étranger ? Un ministre de la Cohésion du territoire suspecté de magouille immobilière et un ministre de la Culture () n’ayant pas lu un livre depuis deux ans ? Ce sont pourtant les spectacles auxquels nous avons assisté depuis quelques mois. La moralisation qui vient d’être votée n’exclut pas que les méchants journalistes puissent encore un jour se goberger avec un ministre des Finances interdit bancaire ou un ministre de l’Agriculture revendant des chevaux de retour dans la cour de l’hôtel Maquignon. Car si la tâcheronne du plumeau, chargée d’épousseter un bureau ministériel, ne saurait être engagée sans avoir produit un casier judiciaire vierge, son patron, lui, en est toujours dispensé. Sans qu’on ait jugé opportun de nous préciser si cet étrange distinguo s’expliquait par le fait qu’il est plus difficile de dénicher un homme d’État intègre que de recruter une femme de ménage honnête.

1. Fleur Pellerin, ministre de la Culture de 2014 à 2016.