Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Michael Wollny, pianiste aux doigts de fée au festival Jazz à Ramatuelle
Il est des soirs étranges. Pas comme les autres. Entre mystère et certitude, découverte et interrogation. En invitant Michael Wollny, pianiste adulé outre-Rhin, Denis Antoine a mis dans le mille. L’artiste, visage juvénile, allure fragile, n’a pas mis longtemps avant que le public ne l’acclame. Tant sa virtuosité – doublée d’une absolue générosité et d’un sens de la mesure éblouissant – a subjugué. Ce n’est pas juste un artiste, c’est un virtuose. Et un virtuose, de surcroît, dont l’univers musical surprend, tant il s’évade du classique jazz pour entraîner son public dans une folie eurythmique. Sa liberté absolue de l’harmonique finit par tisser un univers oscillant entre envoûtant et dérangeant. Ses deux complices, le contrebassiste Christian Weber, au look de baroudeur, et son batteur, Eric Schaefer, qui irradie une totale zénitude, sont dans le tempo. En dehors des ballades – à la fois plaisantes et captivantes –, les mains de Michael enflamment le clavier. Son corps épouse le rythme de ses interprétations, ses pieds battent la mesure tandis que sa longue chevelure vient caresser les touches d’ivoire. On swingue presque dans l’irréel. Les codes habituels sont brisés. La musique de Wollny interpelle autant qu’elle fascine. Difficile de sortir indemne au terme d’une pareille prestation. Qu’importe. Les spectateurs ont noyé sous les applaudissements le trio. Nul doute que Michael Wollny reviendra à Ramatuelle. En tout cas, pour sa première, il a, comme disent les jeunes, « déchiré », et démontré avec brio que sa réputation n’est pas usurpée.