Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un oiseau à l’origine d’un départ de feu
Les dernières fumerolles s’élèvent dans le ciel. L’odeur acre des pins brûlés est encore tenace. En cette matinée dominicale ensoleillée, le spectacle de désolation s’offre à la vue des Puyloubiérens. Des touristes en villégiature aussi, qui n’ont pourtant rien changé de leurs habitudes. Enfourchent leur vélo pour un tour de la montagne Sainte Victoire si chère à Cézanne. Mais ne peuvent détourner leur regard pour contempler le panorama noirci par le feu qui a fait rage dans la nuit. Une centaine de pompiers des Bouchesdu-Rhône, quant à eux, s’emploient à noyer les foyers encore actifs au coeur de la pinède…
Quarante hectares détruits
La « Pinade », comme la nomment les locaux, dont quarante et un hectares sont partis en fumée en trois heures de temps seulement. Parti non loin du village, à quelques centaines de mètres au sud, l’incendie a rapidement gagné une zone densément boisée de résineux, sur une crête dominant la vallée de l’Arc. Ceinturé par les vignes de l’appellation terroir Sainte-Victoire, le sinistre ne pouvait progresser que vers l’intérieur du massif, limitant ainsi le nombre de fronts à combattre pour les soldats du feu. Au plus fort de l’incendie, ils étaient près de deux cents sapeurs-pompiers et une cinquantaine de véhicules, venus de tout le département et appuyés par leurs homologues varois. L’indisponibilité des moyens aériens à cette heure avancée de la journée n’allait pas leur faciliter la tâche.
200 pompiers mobilisés
Attisé par un vent soufflant en rafales à plus de 60 km/h, le feu sautait de massifs en bosquets desséchés, transformant en torche de plusieurs dizaines de mètres de haut les pins sur son chemin. Quelques habitations isolées ont un temps été menacées mais finalement épargnées. Vers minuit et demi et après une lutte acharnée de près de quatre heures, le feu était fixé et le sinistre contenu à un périmètre relativement restreint. Dans le village, l’inquiétude des badauds observant depuis les hauteurs laissait place au soulagement. Et au questionnement. Plusieurs témoins, vidéo de leur smartphone à l’appui, expliquaient avoir vu un épais panache de fumée noire lors de l’éclosion du feu vers 20 h 30. À la tombée de la nuit un soir de mistral, les spéculations sur une origine criminelle du sinistre allaient forcément bon train. Les gendarmes s‘employaient hier matin à étayer ou infirmer cette hypothèse…