Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Christine Wattelier d’opticienne à hélicicult­rice

Christine Wattellier élève ses escargots au Domaine de la Dominette, au Pradet, depuis un peu plus d’un an. Une reconversi­on profession­nelle réussie pour cette ancienne opticienne

- CLARISSE MATTA

Les lunettes, les ordonnance­s… tout ça j’en ai eu marre, je voulais vivre autre chose ». Ancienne opticienne, Christine Wattellier s’est lancée dans l’hélicicult­ure, élevage et exploitati­on d’escargots, en mai 2016, au domaine de la Dominette du Pradet. Une idée originale, qui puise ses racines dans une histoire familiale : « J’ai toujours vécu dans le quartier. Mon cousin a démarré cette exploitati­on en mai 2000, sur ce terrain qui appartenai­t à mes parents. Il est parti à la retraite il y a deux ans, moment où je réfléchiss­ais vraiment à une reconversi­on. Alors je me suis dis, pourquoi pas ? Je me suis formée grâce à lui et dans diverses exploitati­ons, puis je me suis lancée. », explique Christine.

Changement radical

Pas de week-ends, pas de vacances, cette nouvelle hélicicult­rice a radicaleme­nt changé de vie : « C’est sûr, du jour au lendemain votre vie change complèteme­nt. Je gère mon exploitati­on seule, je suis à la fois agricultri­ce, éleveuse, cuisinière… Cela demande un investisse­ment personnel permanent, mais pour rien au monde je ne reviendrai­s en arrière », confie-t-elle. Nourriture, arrosage, désherbage… Christine vit au rythme de ses escargots. Chaque année, elle élève près de 75 000 gros gris et 40 000 petits gris, qu’elle vend vivants ou cuisinés, surgelés ou en bocaux. Un élevage qu’il faut gérer à la perfection, puisqu’il ne donne qu’une seule récolte par an, grâce à laquelle Christine doit vivre toute l’année. « Je reçois mes “bébés escargots”, que je commande à d’autres hélicicult­eurs, au printemps. Je les installe dans les parcs miavril. Il faut faire très attention, car ils sont très fragiles, je n’ai qu’une récolte donc je ne peux pas me rater. Là, ils retrouvent leur habitat naturel, je les arrose et les nourris. Mi-juillet, je commence la récolte et je les fais jeûner, pour qu’ils se vident. Ensuite, je les mets dans la chambre froide pour qu’ils « hibernent » puis commence le travail de transforma­tion », explique-t-elle.

Un long travail

Ce travail, qui doit être effectué en laboratoir­e, est celui qui demande le plus de temps et d’argent : « Je monte à Saint-Rémy chez un collègue, à qui je loue le labo à la journée pour abattre, décoquille­r et cuisiner mes escargots. Ces locations me coûtent beaucoup d’argent, mais pour le moment je n’ai pas les moyens d’avoir mon propre laboratoir­e. Pendant ces journées, j’engage des extras, seule c’est impossible. En effet, je dois par exemple « décoquille­r » mes 75 000 gros gris à la main ! », raconte-t-elle. À la suçarelle, sauce typiquemen­t provençale, pimentés, au beurre d’ail, en terrine… Christine cuisine ses escargots sous de nombreuses formes et les commercial­ise ensuite chez elle, sur le marché du Pradet les vendredis matins et lors de foires ou salons. Des produits, selon elle, entièremen­t « bios » : « Je ne mets aucun engrais et aucun pesticide dans mes parcs », assure-telle. Ses ventes lui permettent de vivre mais pour le moment, modestemen­t : « J’en vis, mais c’est sûr que je gagne pas énormément d’argent. Cela ne fait qu’un an, je suis optimiste pour l’avenir. Cette exploitati­on c’est mon bébé, je la chéris comme tel ».

 ?? (Clarisse Matta) ?? Christine tient une petite boutique dans son domaine. Pour un bocal de , douzaines de petits gris au naturel comptez  euros.
(Clarisse Matta) Christine tient une petite boutique dans son domaine. Pour un bocal de , douzaines de petits gris au naturel comptez  euros.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France