Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Il faut croire en ses rêves »

- FRANÇOIS PATURLE

Son ancienne idole et coéquipier à Monaco, Amara Sy, le dit si bien. «Yakuba Ouattara ? Le ciel est sa limite !». Pour le gamin de Lyon, qui a débuté le basket à 14 ans sur les play-grounds de la place de l’Europe, adoré à l’AS Monaco aussi bien pour ses actions de génie que pour son éducation et sa gentilless­e, la formidable ascension a viré cet été au conte de fées. Recruté par les Brooklyn Nets, en NBA, il a honoré dans la foulée ses premières sélections en équipe de France. Dans la préparatio­n à l’Euro (31 auoût 17 septembre), «Yak» a inscrit ses premiers points vendredi contre la Belgique (9 pts à 4/5 en 8 minutes). C’est samedi que nous l’avons joint dans sa chambre d’hôtel du Mercure de Toulouse avant 2 autres matches contre le Monténégro (100-70) et l’Italie (88-63). Hier soir, après la victoire contre l’Italie, Vincent Collet a annoncé que Yakuba quittait le groupe, désormais réduit à 13, avant la liste finale qui comportera 12 noms. Un choix cornélien qui a donné, de son propre aveu, des «maux de tête» au sélectionn­eur. A n’en pas douter, Yakuba Ouattara reviendra encore plus fort.

Yakuba, en , vous débarquiez à Monaco avec un statut modeste de joueur de ProB. Si on vous avait dit à l’époque, deux ans plus tard, ‘’tu seras joueur de NBA et internatio­nal en bleu’’... Je ne l’aurais pas cru. C’était un peu trop gros pour être vrai... Au fond de moi, pourtant, il y avait une part de ce rêve enfoui. C’est pourquoi aussi j’ai bossé dur, y compris dans les moments difficiles. Il faut toujours croire en ses rêves. C’est la meilleure façon de se donner les moyens pour atteindre les plus beaux objectifs.

Comment s’est déroulé votre recrutemen­t par les Nets ? Qui a flashé pour vous en particulie­r, est-ce le GM, Sean Marks ? En fait, c’est un peu tout le staff qui me suivait depuis quelques années. Ils voyaient les progrès que je réalisais. Ils sont venus me voir jouer à Monaco et en ProA à plusieurs reprises. Ils sont très curieux de voir comment je peux m’adapter au niveau et dans le contexte de la NBA. Pour eux, j’ai le profil pour évoluer dans la Ligue.

Votre nouveau coach de Brooklyn, Kenny Atkinson, parle français, c’est exact ? Tout à fait, il parle même très bien français, à %. J’ai eu la chance de rencontrer le coach à Las Vegas (lieu choisi pour les Ligues d’été NBA, ndlr). On a pu faire connaissan­ce. Il a joué de nombreuses années en France et a été entraîneur de Paris.

Dans votre contrat NBA, il est prévu que vous fassiez la navette entre l’équipe réserve de G-League et les Brooklyn Nets... Oui, le  septembre, je vais débuter le camp de Brooklyn avec l’équipe NBA et après, normalemen­t, je dois débuter la saison avec l’équipe de G-League, les Nets pouvant faire appel à moi quand ils le souhaitent.

Considérez-vous avoir encore une belle marge de progressio­n pour vous imposer en NBA ? Oui, je sens encore de la marge de progressio­n et je sens que j’ai encore beaucoup à apprendre. C’est super important. Je sens que je peux devenir meilleur. Et je pense qu’il y aura tous les éléments pour m’amener à être meilleur à Brooklyn.

À Monaco, quel rôle le coach Zvezdan Mitrovic a joué dans votre carrière ? Zvezdan a été super important dans mon explosion. J’arrivais de Denain, il est le coach qui a osé me mettre sur le terrain et me donner ma chance. Il a toujours cru en moi. A certains moments, il pouvait être dur, mais c’était parce qu’il voyait un gros potentiel, il voulait tirer le meilleur de moi-même. On n’entendra plus les «Yakouba !» de coach Z tonner à la salle GastonMéde­cin... (rires)... Ça va me manquer, c’est sûr !

Venons-en à l’équipe de France. Vos premiers points marqués contre la Belgique () vous ont-ils fait du bien ? Oui, débloquer son compteur, ça fait toujours plaisir. En même temps, je sais que mon rôle dans l’équipe est avant tout défensif. Le premier point de satisfacti­on pour moi est de faire le job en défense. L’attaque, on va dire que c’est la cerise sur le gâteau.

Quelles sont les attentes exprimées par Vincent Collet à votre sujet ? On n’en a pas vraiment discuté encore, d’autant qu’il y a une sélection qui doit s’opérer et le coach n’a peutêtre pas encore arrêté ses choix (le groupe de  doit passer à  pour l’Euro, ndlr). Mais je n’ai pas besoin d’être devin pour comprendre : avec tous les talents que nous avons, j’essaie d’apporter quelque chose d’autre, notamment de l’énergie en défense, arrêter le joueur d’en face... C’est de cette façon, je pense, que je peux gagner ma place dans le groupe. L’attente du couperet des  à  n’est-elle pas trop dure àvivre? (ndlr : question posée avant l’annonce de la décision de Collet hier soir) C’est comme ça, ça fait partie du jeu. Tout le monde est très motivé et veut avoir sa place dans l’équipe mais on sait qu’à l’arrivée, il n’y a que  places. Je pense que le choix s’effectuera plus en fonction de la complément­arité qu’autre chose. Il ne peut pas y avoir  Nando de Colo, par exemple, dans une équipe. Il faut que chacun ait un rôle bien défini et apporte sa pierre à l’édifice.

Le talent offensif de garçons comme De Colo et Fournier, c’est quelque chose qui vous impression­ne ? Oui. Ils sont vraiment très faciles. Ils ne donnent même pas l’impression de forcer.

Depuis la retraite internatio­nale de TP, le taulier du groupe, c’est le capitaine Boris Diaw ? Tout à fait, Boris est le portevoix du groupe, également avec Nando De Colo, qui est le co-capitaine en fait. Comment vous trouvez l’ambiance ? J’adore ! Vraiment top. On rigole bien entre nous. Je trouve l’état d’esprit excellent; ça fait plaisir de passer du temps avec des joueurs de ce niveau. Porter le maillot de l’équipe de France, c’était un rêve, je l’ai dit, et maintenant c’est à la fois un honneur et une responsabi­lité. Tu représente­s ton pays, tu en portes les couleurs. Ce n’est pas rien, tout de même.

Pensez-vous ce groupe capable d’aller chercher l’or européen, malgré les absents ? J’en suis convaincu. Il y a des absents, certes, mais je ressens une très forte motivation dans les rangs. Suffisante pour combler les petits manques.

Début août, vous êtes aussi devenu papa pour la fois, une petite fille... Je suis super heureux ! Je souhaite à tout le monde de connaître ce bonheur d’avoir un enfant... C’est le début d’une magnifique aventure.

De Colo, Fournier ? Ils sont vraiment très faciles... ”

 ?? (Photo Bacot / FFBB) ??
(Photo Bacot / FFBB)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France