Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un peu de verdure dans un désert de cendres
Dans la forêt de Seillons qui a brûlé, la réaction de la végétation sera différente en fonction de plusieurs critères. Déjà, selon la station concernée (le sol, la position géographique) la végétation n’est pas la même et la forêt de Seillons compte plusieurs stations. « L’incendie est un désastre écologique car il modifie l’équilibre de la parcelle, la nature du sol, le couvert », selon Laurent Demare, technicien forestier. «Tous les feuillus rejettent, pas les résineux à une ou deux exceptions faites, rappelle-t-il. Ce qui vit dans l’ombre va avoir du mal à repartir. Certaines essences ont besoin de couvert, comme le chêne dans son jeune âge, d’autres ont besoin de lumière pour se développer. C’est le cas des essences pionnières, celles qui viennent naturellement sur un sol libre ».
Pas d’équilibre écologique d’ici ans
Lorsque les arbres étaient matures, feuillus et résineux repartiront. « Mais l’équilibre écologique qui existait avant le feu ne sera retrouvé que dans 15 ans, et la valeur économique pour la commune seulement dans 50 ans», précise le spécialiste. En revanche, là où les arbres n’étaient pas matures, la situation des essences n’évoluera pas de la même manière. « Les pins n’auront pas eu le temps de produire des graines et ils ne reviendront que dans très longtemps, apportés par la faune locale, selon M. Demare. Les chênes poseront moins de problème car ils ont la possibilité de rejeter. Ils avaient 15 ans et il faudra là aussi autant d’années pour qu’ils retrouvent leur aspect d’avant le feu ».
Les hôtes d’un papillon protégé partis en fumée
Les genévriers aussi reprendront, ainsi que les pistachiers térébinthes. Moins d’un mois après l’incendie, certains végétaux font déjà preuve de résilience. Un peu de verdure dans un désert de cendres. Et autant d’espoir, fragile, à la merci du prochain sinistre… Du côté de la faune, le technicien assure n’avoir trouvé aucune carcasse de sanglier ou de chevreuil sur la forêt seillonnaise. Et la présence de la tortue d’Hermann n’est pas avérée dans le massif. En revanche, il est inquiet car cette forêt abritait des baguenaudiers, ou arbres à vessies, une essence nommée ainsi en raison de la forme de ses fruits. « Cet arbuste est l’hôte d’un papillon, le maculinea, une espèce protégée et en voie d’extinction, explique-t-il. Je vais faire un recensement des baguenaudiers qui ont brûlé. Ils repartiront par rejets mais mettront de nombreuses années car ils sont de croissance lente. » Un drame pour ces papillons.