Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Je ne laisse plus mon fils rentrer seul le soir »

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Sylvie et Laurence sont PortCrosie­nnes depuis trois génération­s. Cette île est leur jardin que des sangliers viennent dénaturer. Elles n’en peuvent plus. Sylvie : « Nous habitons une propriété en dehors du village. Les sangliers retournent les pierres, creusent au pied des arbres. Ils signent leur passage en retournant la terre. Mais ils ont aussi détruit des murs en pierres sèches qui sont le patrimoine de l’île. On les voit fréquemmen­t le soir dans la prairie, quand on dîne sur la terrasse : un sanglier seul ou par groupe de trois, une maman et ses petits. Et si on ne les voit pas, on les entend, ça peut être impression­nant. »

« Il est temps de dépasser le constat »

La peur s’est-elle insinuée ? Sylvie interdit en tout cas maintenant à son fils de 13 ans de rentrer seul, le soir, depuis la plage de la Palud. « L’île est complèteme­nt détruite, déplore-t-elle en désignant les amas de terre retournée dans la montée du cimetière. Le parc nous dit de protéger les plantes endémiques à l’île comme les isoètes et à côté de ça, des hardes de sangliers défoncent tout ! Même les canaux d’eau pluviale sont bouchés par la terre retournée. On en a parlé en réunion, début juillet. Mais il est largement temps de dépasser le constat et de prendre le problème à bras-lecorps. On comprend bien qu’il est impossible de fermer l’île en été (durant les battues de février et mars, l’île était interdite au public). Mais quand même, Cyrielle, la cantonnièr­e du parc national, qui entretient les sentiers de l’île, avoue qu’elle n’ose presque plus aller seule dans les bois, je pense qu’il est temps de s’interroger… » William Seemuller, l’adjoint spécial de l’île représenta­nt le maire, enregistre l’inquiétude des îliens. Lui estime que la population de sangliers a peut-être déjà atteint les 200, considéran­t que les laies mettent bas deux à huit marcassins par portée, selon leur poids.

« Réfléchir à faire venir des snipers »

Sylvie et Laurence concluent : « C’est une vraie catastroph­e écologique, toute l’île est labourée, la flore est détruite. Plus que des chasseurs, il faudrait réfléchir à des snipers de l’armée. Le parc national n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Il a un manque de moyens et d’effectifs. Alors qu’ils sont au courant de la présence du sanglier depuis au moins 2008, ils semblent aujourd’hui tout à fait dépassés. » Ce à quoi le parc national répond (lire page suivante).

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Laurence Delmas et sa soeur Sylvie de Cabarrus-Monin, devant le cimetière de l’île. Elles déplorent une prise de conscience trop tardive des pouvoirs publics.

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