Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le parc national prône une réponse coordonnée

- Dossier : Sylvain MOUHOT Photos : S. M. et DR Dessin : Deligne

Pour le parc national de PortCros, Florence Verdier, directrice adjointe, et Hervé Bergère, chef de secteur, ont répondu à nos questions.

Depuis quand la présence du sanglier vous préoccupet-elle ? Les premières traces ont été observées en . Mais la multiplica­tion s’est accentuée depuis .

Quelles sont les répercutio­ns que vous relevez ? Nous comprenons que la proliférat­ion devienne insupporta­ble pour les habitants. C’est la dimension sociale de cette présence : les gens ont peur, même si on enregistre statistiqu­ement moins d’accidents dus aux sangliers que de piqûres de guêpe. Le patrimoine historique – murs en pierres, sentiers et pistes – en prend aussi un coup. Quant aux effets sur la nature, il est marqué sur les espèces végétales endémiques autour des mares temporaire­s dans lesquelles les sangliers s’abreuvent. Mais aussi sur la faune : nous pensons que l’engouleven­t, qui niche au sol, voit sa reproducti­on contrariée par la présence des sangliers. Le discogloss­e, un petit crapaud typique de l’île, est aussi visé par les sangliers omnivores.

Quels facteurs jouent en faveur de la multiplica­tion des sangliers ? Ils sont très peu chassés sur l’île, jamais dérangés dans des zones naturelles, peu accessible­s. De ce fait, leur activité est prolongée, ils font plus de dégâts que sur le continent.

À combien estimez-vous la population de sangliers ? Quarante à cinquante individus, selon le lieutenant de louveterie qui a dirigé les battues de l’hiver dernier.

Comment les battues ontelles été mises en place, pour quel résultat ? En février et en mars, la DDTM a autorisé l’organisati­on de deux battues administra­tives. Deux jours durant lesquels l’île a été complèteme­nt bouclée. C’est pourquoi on ne peut pas se permettre de le faire en ce moment. Le tir à l’approche est trop risqué quand des promeneurs sont encore dans les bois après minuit, comme on le constate ces jours-ci. La première battue concernait  chasseurs et leurs chiens pour  bêtes abattues. En mars,  chasseurs n’ont pu tuer que  sangliers. Cela montre que les bêtes s’habituent à la présence des chasseurs. Ça prouve aussi qu’on n’a pas atteint les  ou  sangliers sur l’île. Cinq autres bêtes ont été abattues par des tirs individuel­s autorisés par la DDTM.

Le parc a-t-il réagi à temps ? Effectivem­ent, on a laissé du temps passer. Le conseil scientifiq­ue du parc ne se prononce qu’une fois par an. Mais alors que celui-ci était partagé, l’ancien directeur Guillaume Sellier a tranché en engageant l’opération d’éradicatio­n, fin . Cela fait deux ans qu’on agit. Éradiquer est bien l’objectif, même si on sait qu’on aura du mal à l’atteindre. Une vraie lutte est engagée. Un fusil et une carabine avec silencieux ont été achetés, par exemple. Nous sommes en coeur de parc, un espace réglementé où l’on ne peut chasser que cinq mois dans l’année. Des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage sont venus deux fois sur l’île. Nous sommes aussi en lien avec l’expert interrégio­nal de lutte contre le sanglier, pour définir les modes d’action.

Quels sont-ils ? Nous allons renouveler les battues mais aussi réessayer la méthode de l’agrainage derrière le Manoir, en utilisant de grandes cages (nourrir régulièrem­ent les sangliers pour les « fidéliser » et les tuer en groupe, Ndlr).

1.LaTLV,société de transports maritimes,met une navette gratuiteme­nt à dispositio­n à chaque battue.

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