Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Hollande, trois petits mois et puis revient
Depuis Angoulême, l’ancien chef de l’État a continué hier à défendre son bilan... et à critiquer en pointillés les choix économiques de Macron
Sa mise en garde à Emmanuel Macron, lancée mardi depuis Angoulême où il se trouve pour le Festival du film francophone (nos éditions d’hier), avait aussitôt fait grand bruit : tous les commentateurs politiques ont vu dans ces quelques phrases très «hollandaises», distillées avec l’air de ne pas y toucher, la confirmation qu’à peine plus de trois mois après la prise de fonctions de son successeur – et une défaite historique du PS –, l’ancien chef de l’État piaffait d’impatience de revenir sur la scène politique. Mais pour ceux qui auraient encore eu un doute, François Hollande a enfoncé le clou hier. «Même quand j’ai décidé, pour les raisons que j’avais indiquées, de ne pas me représenter – il y avait une situation qui me paraissait trop dangereuse – j’avais dit que je ne me retirerai pas de la vie politique», déclare-t-il dans une interview à TV5 Monde. Et de rappeler qu’il dira « à un certain moment [...] ce qu’ [il a] à dire». Tout en affirmant être aujourd’hui «dans une forme de retrait qui est dû au fait qu’ [il était] président il y a encore quatre mois», et ne pas vouloir «compliquer la tâche de [son] successeur ». On aurait pu, il est vrai, s’y tromper. Surtout quand il affirme, évoquant l’amélioration de la conjoncture économique : «Évitons de prendre des décisions qui viendraient contrarier cette tendance». A bon entendeur...
« Pas là pour vanter un passé »
Tendance dont, du reste, l’origine ne semble, à ses yeux, guère faire de doute. «Ça vous a fait plaisir d’entendre dire que finalement, c’était peut-être votre action qui, aujourd’hui, est couronnée?», l’interroge notre confrère – «Pourquoi peut-être?», s’amuse François Hollande, avant de répondre sérieusement: «C’est notre action, ce sont les décisions que nous avons prises, qui ont eu des résultats. Que ces résultats apparaissent encore plus fortement aujourd’hui, même s’ils étaient déjà là il y a quelques mois, j’en suis heureux.» Mais «non pas pour [luimême]», précise-t-il: «Je ne suis pas là pour [...] me mettre sur un quelconque piédestal» ni pour «vanter un passé». Même s’il prend soin de relever au passage que « jamais il n’y a eu, depuis dix ans, autant de créations d’emplois que [durant] cette dernière année ». Une nouvelle prise de parole donc tout à fait spontanée et en toute innocence, à en croire l’ancien chef de l’Etat. Tout comme, sans doute, il ne faudrait voir qu’une coïncidence dans le fait que le fidèle parmi les fidèles de François Hollande, Stéphane Le Foll, ait lui aussi vanté hier, face à Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV, le bilan du précédent quinquennat – tout en tapant au passage sur la nouvelle majorité.
« Ceux qui crachent dans la soupe»
«Le pire en politique, c’est ceux qui crachent dans la soupe. [...] François Patriat [président du groupe LREM au Sénat, Ndlr], Christophe Castaner [porte-parole du gouvernement, Ndlr], ils étaient dans la majorité précédente… et ils ont passé leur temps à dire: “La situation qu’on a trouvée est catastrophique.”», a attaqué l’ancien ministre de l’Agriculture. Avant de critiquer sur le fond les choix économiques d’Emmanuel Macron: « L’idée qu’on est obligé de faire des sacrifices ne tient plus. S’il y a des sacrifices qui sont demandés, c’est donc pour d’autres raisons. Des raisons politiques » ,at-il notamment accusé. Et d’enfoncer le clou: «Trois milliards de dépenses fiscales pour 100000 ou 150000 personnes, c’est un choix politique.»