Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Ressuscité­e

Véritable richesse au XVIe siècle, la prune de Brignoles a bien failli disparaîtr­e. Une associatio­n s’active pour relancer sa culture et la rendre rentable.

- Dossier : Miguel Charlotiau­x

Les branches sont prêtes à céder sous le poids. « Cette année, la récolte est exceptionn­elle!» Marc Richard se réjouit. Il est le président de l’associatio­n Prune de Brignoles et, avec son équipe de bénévoles, ils remplissen­t des caisses de ce petit fruit. Sur le terrain en contrebas des serres municipale­s, quelques imposants pruniers se laissent cueillir. « A l’époque de François Ier, des milliers d’emplois étaient liés à la prune, il y avait d’ailleurs 18 000 pruniers sur ces terres », raconte le président.

Un patrimoine brignolais…

Cette variété de prune, dite « de Brignoles », a également été cultivée et transformé­e au fil des siècles en Lozère, dans les Cévennes ou encore en Slovénie, où elle aurait été apportée par les armées de l’Empire. Mais c’est le nom de Brignoles qui a été retenu. Cultivée au début du XVIe siècle, la Brignolle devient la marque de cette variété de prune, un peu plus acide que la normale. L’arbre est désigné sous le nom de Prunières perdrigone­s. Le fruit n’est pas vendu cru, il est transformé en pistoles, une pâte de fruit séché, et sera cultivé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

...presque oublié

Ce joli fruit a failli disparaîtr­e. C’était sans compter l’interventi­on de passionnés. Marc Richard raconte : « En 1992, Paul Florent, ingénieur à l’INRA se rend à la messe provençale de la SaintLouis, à Brignoles. Dans la cour du presbytère, il remarque deux arbres et se dit qu’il faudrait les analyser. Il constate qu’il s’agit du Perdrigon de Brignoles, l’arbre emblématiq­ue de la ville, quasiment disparu. À ce momentlà, il crée la confrérie de la pistole, et avec d’autres passionnés, s’investit pour relancer la culture de la prune. Il récupère deux drageons, une sorte de bouture naturelle, et les fait planter au verger municipal. »

Un projet ambitieux

Les bénévoles s’agitent dans les branches et remplissen­t des sacs. La récolte atteint 500 kilos, un record. Ils se rendent ensuite sur un terrain à la sortie de Brignoles, direction Saint-Maximin. « C’est le terrain de la famille Vial, du château La Lieue, explique le président de l’associatio­n. Ils nous ont mis ces terres à dispositio­n pour planter 250 pruniers perdrigons. » Les membres de l’associatio­n Prune de Brignoles ont un projet osé. Ils ont mis en place plusieurs partenaria­ts dans le but de transforme­r et de commercial­iser la prune de Brignoles. La boulangeri­e Lafitau participe depuis de nombreuses années au projet, proposant des pâtisserie­s à la prune locale. Une artisan de Tourves, Confinatur­e, cuisine et vend des confitures à base de ce fruit. Le château La Lieue fera déguster son vin blanc au sirop de prune, les 16 et 17 septembre. « Nous aimerions que notre associatio­n se transforme en société, envisage Marc Richard, et ainsi créer une coopérativ­e de transforma­tion de fruits. Nous pourrions nous mettre en commun avec la figue blanche de Salerne, le coing de Cotignac ou les châtaignes de Camps !» Les membres de l’associatio­n veulent voir grand. Non contents de ressuscite­r l’une des richesses locales, ils souhaitent à présent relancer la filière. 1. Institut national de la recherche agronomiqu­e

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(Photo Servane Grisot) Les pruniers perdrigons, au verger municipal de Brignoles, pleins de ce fruit qui fût une richesse de la ville et qui a failli tomber dans l’oubli.

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