Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Florence Parly : “Préparer les armées de demain”
Moins de deux mois après la violente passe d’armes entre le président de la République et le général Pierre de Villiers, la ministre des Armées Florence Parly assure que la page est tournée
Depuis le 21 juin dernier, Florence Parly est la ministre des Armées. Annoncée aujourd’hui à Toulon où elle doit assister à l’université d’été de la Défense, elle nous dit tout sur le budget, le moral des troupes, l’opération Sentinelle et la bonne santé de notre industrie de l’armement à l’export.
Après la crise de juillet ayant opposé Emmanuel Macron au chef d’état-major des armées, la confiance est-elle rompue entre les politiques et les militaires ? Cet épisode est derrière nous et il n’y a aucun problème de confiance. Ce qui compte désormais, c’est l’avenir. C’est d’ailleurs pour ça qu’au moment des arbitrages budgétaires, le président de la République a réaffirmé l’engagement qu’il avait pris pendant la campagne présidentielle de porter l’effort de défense à % du PIB en . Et cet engagement s’est concrétisé dès le budget , ainsi que pour les suivants, par des décisions qui font de ce budget un budget qui connaît une augmentation historique. Donc oui, la confiance avec les militaires est là.
Mais on entend quand même une certaine grogne monter dans les rangs… Vu le contexte sécuritaire dans lequel nous nous trouvons, il est certain que le niveau d’engagement des militaires et l’intensité de cet engagement au service des Français est extrêmement soutenu. Bien évidemment, ce n’est pas sans répercussion sur la vie quotidienne des militaires, comme celle de leurs familles. Mais les enquêtes régulièrement menées dans les armées montrent que, par rapport à l’an dernier, le moral des soldats s’est nettement amélioré. A quoi est-ce imputable ? Probablement à une conjugaison de phénomènes, au premier rang desquels l’arrêt de la réduction des effectifs (une décision prise avant mon arrivée). C’est certainement aussi lié aux mesures prises en vue d’améliorer la condition militaire. Mesures qui prennent notamment en compte ce phénomène de suractivité opérationnelle, mais qui portent aussi sur une revalorisation des rémunérations, l’amélioration des conditions de travail et de l’aide aux familles. L’institution militaire est vraiment mobilisée pour que nos soldats puissent exercer leurs missions dans les meilleures conditions possibles. Sur , et , nous aurons ainsi consacré unmilliard d’euros à la condition du personnel.
Et que répondez-vous à ces soldats qui ont l’impression de servir de cibles aux djihadistes ? Toute opération de protection, qu’elle se passe sur le territoire national ou sur des théâtres extérieurs, comporte une part de risque. S’agissant de Sentinelle, l’expérience a prouvé que ce risque était réel, puisqu’il y a eu un certain nombre d’incidents. Et à chaque fois, les interventions ont été particulièrement bien menées, avec beaucoup de sang-froid et beaucoup d’efficacité, par les soldats de l’opération Sentinelle. Ce qui prouve que l’entraînement, la préparation à laquelle ils sont soumis est de grande qualité.
Revenons aux millions d’euros d’économies demandées aux armées. Quels vont être les arbitrages ? Ces millions d’euros représentent la contribution du ministère des Armées à un objectif collectif que le président de la République et le gouvernement se sont fixé en matière de maîtrise de nos finances publiques pour l’année . Je me suis engagée à ce que ces économies n’aient pas d’impact sur les opérations au quotidien des soldats. Elles porteront par conséquent sur les programmes d’équipement. Nous allons par exemple limiter les versements à un certain nombre d’organisations internationales de coopération en matière d’armement, décaler quelques commandes et renégocier des contrats en cours de discussion.
Aucune conséquence sur les Opex alors que leur financement n’est pas complètement assuré ? Les Opérations extérieures (Opex) seront bien financées. Leur financement n’est pas encore acquis complètement tout simplement parce que au moment où je vous parle, nous ne connaissons pas encore leur coût définitif. Néanmoins, nous avons franchi une étape cet été puisque, au-delà des millions d’euros qui étaient provisionnés au sein du budget , des crédits complémentaires ont été ouverts à hauteur de millions d’euros. Au total ce sont donc près de , milliard d’euros de crédits qui sont d’ores et déjà disponibles pour assurer le financement des Opex.
Annoncer cette coupe budgétaire alors qu’on a promis de monter le budget de la défense à % du PIB, avouez que ça manque de cohérence... Les décisions d’urgence qui ont été prises pour assurer la maîtrise de la gestion sont des décisions ponctuelles. Ce qui m’importe, c’est la suite : comment, à partir de , nous préparons les armées de la prochaine décennie.
Les soldats de Sentinelle font preuve de sang-froid et d’efficacité” Des exportations d’armes capitales pour l’économie française”
Ce travail de préparation, il ne s’agit pas de le reporter aux années , , , , en se disant qu’on aura bien le temps de gérer ces questions un peu plus tard, et donc de sacrifier le long terme au court terme. C’est l’inverse que nous avons fait puisque, dès le premier budget dont nous avons la responsabilité entière, c’est-à-dire le budget , un pas extrêmement conséquent a été réalisé pour être cohérent avec l’engagement à l’horizon pris par le président de la République. Il y a eu en une contribution ponctuelle, mais nous nous inscrivons dans un processus régulier et obstiné qui, année après année, à partir de , permettra au budget des armées de progresser pour atteindre en l’objectif de % du PIB.
La France marchand d’armes au monde, c’est une bonne chose? Le fait d’exporter pour milliards d’euros représente un grand succès pour l’équipe France constituée des industriels, des autorités politiques, des armées, de la délégation générale à l’armement… Tout cela prouve qu’il y a une excellence technologique française et un rayonnement de la France dans le monde. Ces exportations contribuent également à redresser la balance commerciale française. Elles permettent aussi de consolider notre base industrielle et technologique de défense, indispensable à notre souveraineté. J’ajoute que ces exportations sont capitales pour l’emploi et l’économie française. Avec des prises de commandes extrêmement élevées, le nombre d’emplois dans ce secteur dynamique devrait passer de à dans les années à venir !