Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Laurent Wauquiez et la quadrature du cercle

- Par MICHÈLE COTTA

Sans surprise, Laurent Wauquiez a donc officialis­é, ce week-end, sa candidatur­e à la future présidence du parti Les Républicai­ns. Hier, le président de la région Auvergne-RhôneAlpes a réservé à ceux de ses partisans qui ont gravi derrière lui, escalade rituelle pour Wauquiez depuis , le mont Mézenc, la primeur de ses intentions : ne laisser le terrain libre ni à Emmanuel Macron ni à celui qui voudrait bien être son seul opposant, Jean-Luc Mélenchon. Et reconstrui­re une droite que l’on sait, depuis des mois, profondéme­nt divisée, presque anéantie par son échec à la présidenti­elle. Même si Laurent Wauquiez est pratiqueme­nt assuré dès maintenant de réussir à conquérir la présidence de LR, faute de réelle concurrenc­e, sa tâche ne sera pas facile. D’abord parce que Les Républicai­ns sont aujourd’hui profondéme­nt déstabilis­és. Une partie d’entre eux, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, sont au gouverneme­nt derrière, autre transfuge, Edouard Philippe. Un autre groupe issu des Républicai­ns, autour de Bruno Solère, s’est déclaré, depuis le début, décidé à adopter, vis-à-vis d’Emmanuel Macron, une attitude «constructi­ve», c’est-à-dire à soutenir les mesures gouverneme­ntales lorsqu’elles leur paraîtront aller dans un sens conforme à leurs souhaits. Restent les perdants de la présidenti­elle, qui sont contraints, après leurs échecs, de prendre du champ : François Fillon est hors-jeu, Alain Juppé n’est plus là pour défendre la droite modérée qui était la sienne, Nicolas Sarkozy ne désire plus jouer un rôle exécutif dans son parti. Ce morcelleme­nt des Républicai­ns est paradoxale­ment une chance pour Laurent Wauquiez, doté d’un vrai charisme et d’une singulière énergie, qui se retrouve, seul ou à peu près, qualifié. A ceci près que son personnage est loin de faire l’unanimité parmi les Républicai­ns. Ce que résume d’une phrase un de ses détracteur­s au sein de son mouvement : « C’est un aimant pour les militants, et un repoussoir pour les dirigeants. » C’est que la ligne politique de Laurent Wauquiez a souvent changé : d’abord proche de la démocratie chrétienne de son premier mentor, le centriste Jacques Barrot, qui en avait fait son successeur en Haute-Loire, il est rapidement devenu, auprès de Nicolas Sarkozy, le tenant d’une droite « dure », conservatr­ice sur ses valeurs. C’est ce qu’il a redit hier, sans fioritures, à ses partisans. Si Laurent Wauquiez veut réconcilie­r autour de lui toutes les tendances de LR, il lui faudra néanmoins attirer à lui d’autres leaders Républicai­ns. De ce point de vue, il vient de faire une vraie prise de guerre en la personne de Virginie Calmels, adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux qui l’a rejoint samedi [nos éditions de dimanche, Ndlr]. La difficulté essentiell­e pour Laurent Wauquiez reste pourtant, ralliement ou pas, de définir une ligne politique pour la droite de demain : s’il reste sur une ligne trop dure, il divisera le parti. Si, au contraire, il tente rallier toutes les fractions que la récente campagne présidenti­elle a divisées, il se contraint à l’immobilism­e. Quadrature des cercles pour le futur congrès.

« Ce morcelleme­nt des Républicai­ns est paradoxale­ment une chance pour Laurent Wauquiez. »

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