Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Laurent Wauquiez et la quadrature du cercle
Sans surprise, Laurent Wauquiez a donc officialisé, ce week-end, sa candidature à la future présidence du parti Les Républicains. Hier, le président de la région Auvergne-RhôneAlpes a réservé à ceux de ses partisans qui ont gravi derrière lui, escalade rituelle pour Wauquiez depuis , le mont Mézenc, la primeur de ses intentions : ne laisser le terrain libre ni à Emmanuel Macron ni à celui qui voudrait bien être son seul opposant, Jean-Luc Mélenchon. Et reconstruire une droite que l’on sait, depuis des mois, profondément divisée, presque anéantie par son échec à la présidentielle. Même si Laurent Wauquiez est pratiquement assuré dès maintenant de réussir à conquérir la présidence de LR, faute de réelle concurrence, sa tâche ne sera pas facile. D’abord parce que Les Républicains sont aujourd’hui profondément déstabilisés. Une partie d’entre eux, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, sont au gouvernement derrière, autre transfuge, Edouard Philippe. Un autre groupe issu des Républicains, autour de Bruno Solère, s’est déclaré, depuis le début, décidé à adopter, vis-à-vis d’Emmanuel Macron, une attitude «constructive», c’est-à-dire à soutenir les mesures gouvernementales lorsqu’elles leur paraîtront aller dans un sens conforme à leurs souhaits. Restent les perdants de la présidentielle, qui sont contraints, après leurs échecs, de prendre du champ : François Fillon est hors-jeu, Alain Juppé n’est plus là pour défendre la droite modérée qui était la sienne, Nicolas Sarkozy ne désire plus jouer un rôle exécutif dans son parti. Ce morcellement des Républicains est paradoxalement une chance pour Laurent Wauquiez, doté d’un vrai charisme et d’une singulière énergie, qui se retrouve, seul ou à peu près, qualifié. A ceci près que son personnage est loin de faire l’unanimité parmi les Républicains. Ce que résume d’une phrase un de ses détracteurs au sein de son mouvement : « C’est un aimant pour les militants, et un repoussoir pour les dirigeants. » C’est que la ligne politique de Laurent Wauquiez a souvent changé : d’abord proche de la démocratie chrétienne de son premier mentor, le centriste Jacques Barrot, qui en avait fait son successeur en Haute-Loire, il est rapidement devenu, auprès de Nicolas Sarkozy, le tenant d’une droite « dure », conservatrice sur ses valeurs. C’est ce qu’il a redit hier, sans fioritures, à ses partisans. Si Laurent Wauquiez veut réconcilier autour de lui toutes les tendances de LR, il lui faudra néanmoins attirer à lui d’autres leaders Républicains. De ce point de vue, il vient de faire une vraie prise de guerre en la personne de Virginie Calmels, adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux qui l’a rejoint samedi [nos éditions de dimanche, Ndlr]. La difficulté essentielle pour Laurent Wauquiez reste pourtant, ralliement ou pas, de définir une ligne politique pour la droite de demain : s’il reste sur une ligne trop dure, il divisera le parti. Si, au contraire, il tente rallier toutes les fractions que la récente campagne présidentielle a divisées, il se contraint à l’immobilisme. Quadrature des cercles pour le futur congrès.
« Ce morcellement des Républicains est paradoxalement une chance pour Laurent Wauquiez. »