Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le projet de piscine fait déjà des vagues
Malgré des voix discordantes, l’intercommunalité va adopter une compétence lui permettant d’envisager la réalisation – probablement à long terme – d’un complexe nautique sur son territoire
Technique, austère, mais nécessaire : les élus communautaires ont planché sur les futures nouvelles compétences de Coeur du Var, mardi soir au Luc (lire « le décodeur »). Le débat était l’occasion pour le président Jean-Luc Longour de poser sur la table un projet à (très) long terme, à savoir la construction d’un centre aquatique en Coeur du Var.
« Le logement, plus important qu’une piscine »
Mais la compétence nécessaire à cette volonté était en balance, notamment avec celle concernant l’habitat. De quoi provoquer de vives oppositions, à commencer par celle du maire de Besse, Claude Ponzo : « Le logement est un sujet essentiel pour les habitants, bien plus qu’une structure qui va très vite devenir une charge, alors qu’une piscine couverte a été construite à Brignoles, à 15 kilomètres d’ici », estime l’ancien président de Coeur du Var. Il pointe aussi « le risque de voir les communes perdre la gestion de leurs équipements, au profit de l’intercommunalité » (1). Jean-Luc Longour rappelait qu’« il n’a jamais été question de dépouiller les communes de leurs équipements. C’est une menace que tu brandis depuis le début du mandat, alors que ça n’a jamais été notre philosophie. D’ailleurs, la définition de l’intérêt communautaire, c’est nous, représentants des communes, qui la décidons, collectivement (...). Cet équipement répond à une demande de la population, à commencer par les scolaires, y compris les collégiens de ta commune, à Besse, qui ont manifesté, au printemps, leur désarroi en la matière : ils n’ont pas accès à la piscine de Brignoles ! » Au sujet de la compétence habitat, Gabriel Uvernet la qualifiait sans ambages d’« usine à gaz », et précisait que l’« on peut très bien inclure tous ces enjeux – réhabilitation du parc ancien, résorption de l’habitat insalubre, construction de logements sociaux ou non, etc. – pour lesquelles les communes demeurent compétentes dans le Scot, avec l’aide de l’Audat (2). Rien ne nous empêche d’agir. » Thierry Bongiorno ajoutait qu’il « fera partie de ceux qui s’engagent, et qui veilleront à ce que l’étude soit bien lancée dans les deux ans. On n’a rien à craindre avec ce cadre-là. »Le maire de Gonfaron expliquait avoir d’abord été favorable à la compétence habitat, avant de se raviser pour ce projet d’équipement. Le conseiller départemental Dominique Lain a, lui, fait « le chemin inverse. À cause du risque de voir tous les équipements tomber dans l’intercommunalité. Et aussi parce qu’en tant que Lucois, j’observe que nous avons déjà à ce jour une piscine, certes ouverte, sur la commune. »
« Montrer que Coeur du Var avance »
Là encore, Jean-Luc Longour se voulait rassurant : « si on abandonne un jour le centre aquatique, nous n’aurions qu’à définir ensemble un autre projet d’intérêt communautaire. Encore une fois, ce sont vos décisions, elles sont souveraines ! » Le président rappelait l’intérêt de réaliser «un tel équipement, pour nos habitants, mais aussi en termes d’attractivité touristique. Nous devons montrer que le territoire est dynamique, que Coeur du Var avance ! » Sans les voix, notamment, des maires Catherine Altare (Puget-Ville) et Claude Ponzo (Besse), qui se sont exprimés contre, ni celles de Robert Michel (Pignans), Yannick Simon (Cabasse) et du conseiller départemental Dominique Lain, qui se sont abstenus, la délibération a été adoptée à la majorité. Les élus ont désormais deux ans pour définir l’intérêt communautaire d’un centre aquatique intercommunal, et lancer les études préalables à sa réalisation. Qui diront où et de quelle manière cet équipement devrait – ou pas – voir le jour en Coeur du Var. Ce qui laisse augurer encore de nombreuses années (des décennies) avant qu’un toit vienne abriter les allers-retours en crawl des nageurs du pays lucois...
1. En l’absence de définition de l’intérêt communautaire pour cet équipement précis, la compétence deviendrait générale, ce qui sous-entend que les équipements sportifs, culturels et d’enseignement des communes tomberaient de facto dans le giron intercommunal. 2. Agence d’urbanisme de l’aire toulonnaise