Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une politique de la ville pour Provence Verdon!
L’intercommunalité va proposer à l’État de prendre à son compte une compétence qui peut paraître surprenante. Il s’agit avant tout d’un prétexte pour conserver une dotation de 220000 €
Ambiance rentrée scolaire, mardi soir, dans la salle de la communauté de communes Provence Verdon, à Varages. À l’occasion du conseil communautaire, les retrouvailles entre habitués et l’accueil de trois nouveaux élèves (1) allait occasionner un petit retard des débats, placés sous la direction du président, Bernard de Boisgelin. « Nous avons tout de même passé un mois d’été chaud et actif, déclarait en préambule le maire de Saint-Martin-de-Pallières. Et nous allons audevant de toujours plus de décisions importantes à prendre. »
À commencer par une modification des statuts communautaires, que le président argumentait : «La communauté de communes Provence-Verdon est bénéficiaire de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) bonifiée depuis 2014. Le montant versé par l’État s’élève à 220000 euros annuels. Une somme que l’on perdrait si nous ne prenions pas à notre charge de nouvelles compétences dès 2018. » Aux compétences exercées par la CCPV jusqu’à la fin de l’année (“Aménagement de l’espace”, “Développement économique”, “Aires d’accueil des gens du voyage”, “Collecte des déchets”, “Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations”, “Logement social” et “Gestion des maisons de services au public”), trois nouvelles compétences devront être exercées à compter du 1er janvier prochain.
« Prendre d’État à son propre jeu »
« En bureau, nous avons travaillé sur le sujet et nous allons vous faire nos propositions, lançait le président De Boisgelin aux conseillers.
Nous souhaitons prendre l’État à son propre jeu avec ces trois nouvelles compétences : “Entretien de voirie d’intérêt communautaire”, “Développement d’équipements sportifs” et “Politique de la ville”. »
Trouver des arguments
L’entretien de voirie d’intérêt communautaire concernerait les communes de Ginasservis (entrée du site de traitement des déchets), Barjols (entrée de la déchetterie), Rians (entrée de la déchetterie et de la centrifugeuse), Saint-Julien (entrée de la station de dépotage), Seillons (de la cave coopérative à l’entrée de la crèche) et Saint-Martin (entrée de la déchetterie). Les équipements sportifs seraient relatifs aux gymnases des collèges du territoire, même s’il n’y en a qu’un seul, à Barjols. La compétence “Politique de la ville” serait plus aléatoire en plein milieu rural. «Nous pourrions essayer de convaincre l’État de nous octroyer cette compétence en argumentant autour de quelques éléments, détaillait le président. Des actions de droit commun peuvent être intégrées dans un contrat de ville. Comme, par exemple, le soutien aux associations, la prévention de la délinquance, ou encore la sécurisation des équipements publics, comme les écoles et les équipements sportifs. »
« Une loi scélérate »
« Nous sommes lucides, convenait le président avant d’ouvrir le
débat. Nous ne sommes pas certains que cette compétence de politique de la ville soit acceptée. Mais, même si c’est un peu tiré par les cheveux, nous allons nous battre, car nous avons besoin de cette DGF bonifiée. » Et le maire de Varages, Christian
Blanc, d’enfoncer le clou : « Effectivement, si l’État accepte ça, il est prêt à accepter n’importe quoi ! »
C’est Stéphane Arnaud qui allait ensuite animer le débat. Le maire de Seillons s’est livré à une longue diatribe contre, notamment le principe de l’entretien des voiries d’intérêt communautaires ( «à Seillons nous le ferons nousmêmes »), le transfert, en 2020, de l’eau potable « sous prétexte d’une loi NOTRe scélérate, très nocive »,
ou le fonctionnement d’un bureau communautaire « qui n’est pas un club privé ». « Moi, je suis là pour gérer ma commune, pas pour me faire des amis ! » Le projet de modification des statuts a été voté (une abstention) et sera transmis aux quinze communes, qui auront jusqu’au 31 décembre pour le valider.
1. Les nouveaux conseillers communautaires : Benjamin Demirdjian, maire de Barjols, Christian Imbert, son 6e adjoint, André Aparicio, conseiller municipal, et son suppléant, Serge Pellegrino, 4e adjoint.