Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Alerte aux espèces nuisibles
Rats, punaises de lit, frelons asiatiques et bien sûr moustiques tigre seraient en train de proliférer en France. La chambre syndicale des dératiseurs et désinsectiseurs tire le signal d’alarme
Alors que deux nouveaux cas de Chikungunya autochtones viennent d’être décelés dans le Var, le moustique tigre ne cesse de gagner du terrain. Depuis son apparition sur la Côte d’Azur au milieu des années 2000, ce vecteur de maladies jusque-là cantonnées aux zones tropicales est désormais présent dans toute la moitié Sud de l’Hexagone. Et l’Aedes albopictus (nom scientifique du tigre) ne serait pas le seul nuisible à proliférer. Les populations de rats, punaises de lit et autres frelons asiatiques, sans oublier blattes et cafards, seraient, elles aussi, en pleine expansion. Du moins si l’on en croit le cri d’alerte lancé par la chambre syndicale de la dératisation, désinsectisation et désinfection (CS3D).
% d’interventions en plus cet été
Au cours de l’été les entreprises de cette corporation qui font la chasse aux nuisibles ont réalisé 37 % d’interventions en plus par rapport à l’année dernière. Au point que la CS3D en appelle aujourd’hui aux pouvoirs publics et réclame la mise en place d’un plan d’urgence. « On est face à un problème massif, prévient Stéphane Bras, le porte-parole de la chambre syndicale. Les demandes d’intervention sont incessantes. En tête de liste arrivent les punaises de lits, mais cela concerne aussi les rats, les souris, le moustique tigre… » Les nuisibles de tout poil seraient en train de proliférer en France. Pour tenter de mieux appréhender les régions les plus exposées, la CS3D a lancé une étude dont les résultats ne seront connus qu’à l’automne. Mais nul doute que le sud n’est pas épargné. Du moins si l’on en croit les principaux facteurs avancés pour tenter d’expliquer cette prolifération.
Pesticides et transports
cette prolifération seraient le réchauffement climatique d’une part et surtout la multiplication des échanges « qu’ils soient touristiques ou commerciaux » ,à l’échelle de la planète. S’il ne croit guère à l’effet climatique l’entomologiste médical, Pascal Delaunay, confirme que l’explosion des transports internationaux explique l’arrivée, en passagers clandestins, de ces espèces pourtant souvent tropicales. Comme ce fut le cas pour le moustique tigre qui s’était invité comme voyageur dans des cargaisons de pneumatiques ou de plantes aquatiques, type bambou, et dont le principal mode d’expansion à travers la France reste… la voiture ! Ces nuisibles, parfois venus de loin, se sont si bien acclimatés
à la France que leur présence commence à devenir de plus en plus dérangeantes. Après Marseille, cet été, ce sont les plages de Nice qui sont aujourd’hui envahies par les rats. Les punaises de lits, fléau de la Dracénie depuis des mois, ont aussi commencé à coloniser le haut pays azuréen. Les témoignages qui se multiplient semblent étayer le cri d’alerte des professionnels de la désinsectisation qui en appellent donc aux pouvoirs publics. « Onpeut ne pas se contenter, nous professionnels, de jouer les pompiers au cas par cas. Il faut un vrai programme national de surveillance et de sensibilisation. »