Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sept pistes pour lutter
I
ls s’étirent sur des kilomètres d’autoroute aux heures de pointe. Asphyxient les centres-villes. Comment faire sauter ces bouchons qui polluent le quotidien des Azuréens? Non seulement, ils font perdre du temps, mais ils ont aussi un impact sur la santé des habitants, puisqu’ils augmentent localement la pollution de à %. Dans la région niçoise, on atteint rarement les seuils d’alerte observés en Île de France, mais l’air est souvent de piètre qualité. Deux polluants en sont principalement la cause, les oxydes d’azote et les particules fines. Aujourd’hui, selon les mesures d’AirPaca, le trafic automobile est responsable à % du total des émissions pour les premiers, % pour les seconds. Certaines communes ont déjà pris le problème à bras le corps, organisant différemment leurs accès aux centres-villes et lieux de travail, ou leur stationnement. Peut-on s’en inspirer ? Nous avons également sollicité deux mathématiciens qui nous livrent leurs propositions pour fluidifier le trafic.
aire circuler les bus sur la bande d’arrêt d’urgence en cas d’embouteillages
Une voie dédiée aux bus entre Nice et Sophia Antipolis ? Les quelque usagers quotidiens de l’XPress , régulièrement bloqués dans une dizaine de kilomètres d’embouteillages aux heures de pointe sur l’A, ont le temps d’en rêver. Le dossier a fini par atterrir juste avant l’été sur un bureau du ministère des Transports. La réalisation d’une voie sur la bande d’arrêt d’urgence pour permettre le passage de ce « car à haut niveau de service » sera pilotée par le concessionnaire autoroutier Escota. C’est donc à son ministère de tutelle qu’il revient de donner le feu vert. Une première étude d’opportunité a déjà été réalisée en . Elle a conclu à la possibilité de réaliser un tronçon entre Villeneuve-Loubet et le péage d’Antibes, dans le sens Nice-Antibes. Il sera raccordé au bus-tram de la communauté d’agglomération de Sophia-Antipolis et au pôle multimodal de Saint-Augustin à Nice. Le avril dernier, le conseil départemental des Alpes-Maritimes a
méliorer le stationnement
Faire un créneau prend du temps. Gilles Maignant, chercheur CNRS et enseignant au département IRIS (Ingénierie du Risque et Informatique de Santé) de la faculté de Médecine de Nice, suggère, lorsque la rue est suffisamment large, d’organiser le stationnement en épi. Rues Trachel et Lépante par exemple. L’intérêt? «On met davantage de voitures, et on améliore la fluidité car on se gare plus rapidement ».
Stop la double file La double-file s’est incrustée dans le paysage niçois depuis deux décennies. Elle crée des ralentissements, bloque des rues. Comment s’en débarrasser ? «Il faut passer certaines artères à une seule voie, pour empêcher les double-files. Car, adopté une délibération qui prévoit le cofinancement d’études, à hauteur de euros – dont la moitié à la charge du département – pour la réalisation d’un « dossier de demande de principe », préalable à la réalisation des travaux.
Elle existe depuis à Grenoble Le département des Alpes-Maritimes n’est pas seul à vouloir s’équiper de voies dédiées. Onze sont en projet sur les axes franciliens. A Grenoble, les bus roulent sur une portion de bande d’arrêt d’urgence de l’A depuis . Elle courait à l’origine sur , kilomètres et le tronçon a été prolongé de kilomètres en . Pas question de laisser les chauffeurs de bus l’emprunter quand ils le souhaitent : elle n’est activée que lorsque la vitesse de circulation descend en dessous de km/h. Sinon, elle redevient bande d’arrêt d’urgence. Pour permettre aux cars d’y circuler, il a fallu renforcer sa chaussée. Des équipements spécifiques de surveillance et de signalisation ont également été mis en place et raccordés
rue Trachel par exemple, des véhicules sont stationnés sur la voie de circulation, et en plus, en quinconce, ce qui oblige les conducteurs à slalomer et on perd en fluidité ». Sur des axes de transit comme les boulevards Gambetta-Cessole, Raymond-Comboul, ou rue Reine Jeanne, où se déverse le trafic de la voie rapide, les double-files génèrent des goulets d’étranglement. « Il faut verbaliser, l’intérêt général doit primer.» Il cite en exemple Monaco. « Dans les minutes, la police arrive, c’est très efficace. » Enfin, il suggère de transformer les aires de livraison en arrêt minute à certaines heures. C’est ce qui a été mis en place à Barcelone. « Ce serait utile passé le créneau h-h de les laisser pour des arrêts minute afin d’offrir des places supplémentaires », propose-t-il. Ce dispositif a été mis en place par la Ville dans le secteur Jean-Médecin-Dubouchage. Pour permettre aux voitures de stationner de heures à heures sur ces aires. Encore faut-il que l’information soit clairement indiquée aux conducteurs et que le stationnement reste de courte durée.
Probabilité de réalisation : % Peu coûteux, ce type d’adaptation pourrait être généralisé.
nstaurer des limitations de vitesse variables
« Réduire la vitesse peut avoir des effets positifs. Ça augmente la capacité de l’axe en question. » Paola Goatin, mathématicienne basée à l’Inria à Sophia Antipolis planche avec des labos de Berkeley en Californie sur la modélisation et la gestion du trafic. « Si l’écart de vitesse entre la voie de droite et les autres est important, les conducteurs vont avoir tendance à ne pas utiliser la file de droite et donc à sous-utiliser l’espace disponible ». Elle suggère aussi d’utiliser le levier de la régulation de vitesse en cas d’embouteillage. « Si bien en amont du bouchon, par une signalétique on met des limitations de vitesse, on gagne tous du temps ». Elle dessine au tableau au PC de gestion du trafic d’AREA, la société concessionnaire de l’autoroute. Ils ont été complétés par un système de détection automatique d’incident (DAI) qui permet, « dès qu’un véhicule en panne ou accidenté se retrouve sur la bande d’arrêt d’urgence, de renvoyer automatiquement les autocars dans le trafic normal». De nouveaux refuges ont également été aménagés et les conducteurs de bus ont été spécialement formés. Le prolongation de cette voie sur kilomètres a ainsi coûté , millions d’euros. Elle est empruntée par près de véhicules par jour, soit une quinzaine par heure de pointe du matin ou du soir. Selon l’intensité des bouchons, la voie dédiée peut leur permettre de gagner entre un quart d’heure et une demi-heure de temps de parcours.
Probabilité de réalisation : % Le dossier est lancé. Reste à savoir ce que décidera l’État (et quand) et les collectivités qui devront mettre la main au porte-monnaie. l’équation qui permet de calculer la solution, c’est à dire le réglage optimal de vitesse pour améliorer le temps de parcours. «Dans le secteur d’Aix-enProvence, quand il y a un bouchon, des panneaux à messages variables invitent les automobilistes à ralentir à km/h, puis km/h et km/h. Avant la congestion, note Gilles Maignant. C’est efficace : ça dilue le bouchon et diminue le risque d’accidents. Mais ici, dans les Alpes-Maritimes, ça ne se fait pas assez. » 1. Directrice de Recherche à l’Inria Sophia Antipolis, responsable de l’Equipe-Projet ACUMES, commune avec le Laboratoire Jean-Alexandre Dieudonné de l’Université de Nice. Cette technique est déjà expérimentée en cas de bouchons sur l’A au nord de Nice. Reste à persuader les automobilistes qu’ils n’iront pas plus vite en se précipitant dans la nasse.