Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Moins d’hôpital, plus de ville : sommes-nous prêts?
Entrer le matin à l’hôpital pour en sortir le jour même. Une volonté politique, un souhait de la part des patients. Mais est-ce si simple...
Le développement de l’ambulatoire n’est pas récent. Cela fait même des décennies que le virage ambulatoire est annoncé. Les patients, en majorité, plébiscitent le principe: se faire soigner sans être contraint de passer une nuit à l’hôpital. Et ça tombe bien puisque, théoriquement au moins, cette réduction de la durée d’hospitalisation devrait permettre de réaliser des économies substantielles, en plus de réduire le risque de contracter une infection nosocomiale ou de développer un syndrome de «glissement » pour les patients les plus âgés. Ce qui est plus nouveau, c’est le mouvement d’accélération impulsé par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Il reste beaucoup de chemin à parcourir
Alors qu’au niveau national, les taux globaux de médecine et de chirurgie ambulatoire sont respectivement de 43 et 54 %, elle place les objectifs à 55 % et 70 % d’ici 2022, fin du quinquennat Macron. Cette annonce faite, reste à franchir de nombreux obstacles au développement de l’ambulatoire. L’articulation ville hôpital est-elle suffisamment huilée pour garantir au patient qui quitte l’hôpital après une chirurgie lourde et complexe, une totale sécurité ? Les équipes de ville, médecins, soignants, pharmaciens, kinés... bénéficient-elles des informations nécessaires au suivi optimal de ces patients dès leur retour au domicile ? Quid des personnes isolées socialement, géographiquement ? Comment éviter les réhospitalisations ? Leur taux n’a cessé de croître avec la réduction du temps passé à l’hôpital... Réunis dans le cadre du quatrième débat du Club Santé de Nice-Matin, sur le thème «Moins d’hôpital, plus de ville : enjeux organisationnels et structuraux », patients, hôpitaux publics, privés, financeurs, professionnels de santé, associations... en conviennent : même si le temps presse, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que l’hôpital devienne réellement le maillon d’une chaîne de soins parfaitement consolidée. Pris à trop grande vitesse, sans maîtrise de la conduite, le virage ambulatoire pourrait aboutir à une sortie de route, chacun en est parfaitement conscient. Et le patient, dont les politiques se plaisent à répéter qu’il est la pièce centrale de tous les dispositifs, serait la première victime. Alors, oui, aucun esprit, aussi critique soit-il, ne contestera l’intérêt de permettre à chaque malade hospitalisé de retrouver le plus vite possible son « chez soi » réconfortant. Et les progrès techniques, chirurgicaux, médicaux rendent l’objectif de 70 % d’ambulatioire fixé par la ministre parfaitement atteignable. Mais, on doit garder en tête que ce « chez soi » pourrait rapidement devenir un univers hostile s’il n’y a plus personne pour poser la main sur un front qui brûle encore, apaiser des peurs qui ne se sont pas encore dissipées, ou rassurer face à des douleurs qui se réveillent.
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