Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Deux passionnés au chevet de la tour de l’horloge

- M. L.

« Le patrimoine procède de l’identité et il nous faut préserver le premier pour conforter la seconde! » dit le maire, Thierry Bongiorno, en abordant le dossier de la Tour de l’Horloge. Sa réfection a été entamée voici plusieurs semaines et durera trois mois – sauf inconvénie­nts météorolog­iques ou structurel­s imprévus. Ce laps de temps est mis à profit par deux maîtres tailleurs de pierre du Thoronet, Virginie et Emmanuel Six. Ils connaissen­t l’âme gonfaronna­ise pour avoir travaillé, auparavant, sur plusieurs fontaines témoignant de la fraîcheur et de la richesse du village. Désormais, ils sont adjudicata­ires de la restaurati­on de la tour, de la fontaine attenante, du campanile et du cadran solaire qui se joue des saisons et des changement­s d’heure, sinon de l’érosion. Cette entreprise n’avait jamais été engagée depuis le milieu du XIXe siècle, date de l’édifice...

Corniche, acrotère, etc.

Pierre sèche, taille de pierre, cadrans solaires de précision, monuments anciens… Virginie et Emmanuel sont experts et aiment partager, expliquer, « faire sentir » de manière « ordinaire ». Sous le vocable de « Pierres de Rosette », ils sont à l’ouvrage, sans relâche, comme les artisans d’antan. Concentrés. Précis. Minutieux. « Vous savez, on ne fait bien que ce que l’on aime. Et nous, on est passionnés… », dit Virginie, sans malice, yeux plissés par un évident bonheur. Et lunettes dans les cheveux pendant cet entracte à plus de dix mètres du sol. Son ordinaire pour caresser la pierre, imaginer des joints neufs et le changement d’un élément refait à l’identique. « Il faudra voir que tout a été repris, mais pas qu’on a fait du neuf. C’est une nuance importante. C’est ce qui nous guide : faire comme ceux qui nous ont précédés… », précise Emmanuel. Pour les faits, en une grosse centaine de jours, ils devront avoir rénové un édifice vieux d’un peu plus d’un siècle et demi. Leur tâche plurielle : monter les échafaudag­es, purger les joints (sur un périmètre de 12 m), nettoyer, dévégétali­ser, rejointer, traiter les fissures, injecter la chaux (trois tonnes et demie !), parer aux infiltrati­ons d’eau dues à la mauvaise évacuation ainsi qu’au défaut d’étanchéité du toit-terrasse, remplacer les pierres manquantes… Si cela ne suffisait : dépose et modificati­on des ceintures en acier, nettoyage les moulures… Il sera temps, ensuite, de traiter la fontaine adossée à la tour. En nettoyant la pierre, purgeant les anciens mortiers, remplaçant les anciens tuyaux d’évacuation puis en harmonisan­t l’ensemble. Viendront enfin les travaux sur la méridienne car, « avec le développem­ent des moyens de communicat­ion, au XIXe siècle, notamment l’avènement des chemins de fer, l’idée d’utiliser la même heure sur tout le territoire français s’est imposée… » dit encore Virginie. Qui sait que ce cadran solaire, limité à sa ligne de midi et à sa courbe de l’équation du temps, reflétera l’heure naturelle. En dépit des saisons.

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(Photos M. L.) Les deux artisans en compagnie d’Henriette Sournin, première adjointe, en charge du patrimoine, et Eric Guerrero, responsabl­e des services technique.
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A une quinzaine de mètres du sol, Virginie et Emmanuel expliquent leur tâche : refaire à l’identique pour conserver intact le patrimoine.

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