Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sur la route des passants
«Je ne m’étais jamais aventurée jusqu’ici», lance Jo. Cette Toulousaine qui, chaque année, pose ses valises quelques jours en bord de rade sort, cet après-midi là, de chez Le Petit Biscuitier. Les bras chargés de prospectus glanés à l’office de tourisme, c’est là qu’on lui a indiqué l’existence de la rue des Arts. « Ça manque un peu d’animation, mais c’est vraiment pas mal, s’enthousiasme-t-elle : je suis passée chez Les Frangines et à la Galerie du Canon, c’est très sympa ! » À deux pas, sur la place de l’équerre, Cathy boit un café à la terrasse du Petit Chicago. «La rue, j’en avais entendu parler, mais jusqu’ici je venais surtout sur cette place, qui est magique ! Aujourd’hui, je m’y suis finalement baladée : c’est vraiment très agréable», insiste-telle. Les animations, l’ambiance... Cathy est conquise : « Dès que je suis dans le coin, je viens ici.» Elle apprécie en effet « de voir Toulon bouger».
Passer à autre chose
C’est ce qui plaît aussi à Chantal et René. Habitants de Gonfaron, ils ont acheté un appartement du côté du cours Lafayette et ont leurs habitudes depuis longtemps dans la rue Pierre-Sémard. « C’est vraiment un effort surhumain qui a été fait ! », estime madame, tandis que monsieur note l’indéniable changement qui s’est opéré dans cette partie de la ville. En début de soirée, alors qu’un peu plus loin, la Galerie Lisa souffle sa première bougie, que Pop up... by LMS se charge de l’animation hebdomadaire, le couple est attablé au Cap Cabron, le restaurant oriental présent depuis bien avant la requalification. Tous deux jugent que «c’est bien de passer à autre chose». Reste à savoir, s’interrogent-ils, «si ça va tenir». Abdellah Aguemate, le patron du restaurant depuis 2011, se pose la même question. Pour lui-même. «Avant, je travaillais plus.» Certes, tout comme son voisin, Zeniti Bouzid, il est ravi du nouveau visage que présente sa rue. «Il y a plus de passage», admet le gérant du Taxi phone, tout en regrettant de ne pas en profiter. Ainsi, les deux hommes se sentent laissés pour compte. «Bien que nous soyons locataires de THM (1) nous, nos façades n’ont pas été refaites, alors qu’on a subi les travaux pendant deux ans», se désolent-ils. Et d’enfoncer le clou : « On est content, mais on aimerait bien avoir notre part.» 1.Lesconditionsdeleursbauxétantantérieures au projet de la rue des Arts, elles ne sont pas les mêmes : la Ville assure qu’ils jouissent de loyers inférieurs à ceux que paieront les autres commerçants à terme.