Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La carotte râpée et le bâton clouté
Le juillet dernier, Emmanuel Macron n’avait pas hésité à recourir aux grands mots en promettant aux élus locaux « un pacte girondin ». Jupiter, soudain, abandonnait sa posture jacobine et tendait la main à la France des collectivités locales pour y créer un choc de confiance. C’est pourtant sur ce terrain que le chef de l’État a connu depuis la plus forte déconvenue. Il a payé cash, lors des élections sénatoriales, le prix d’une politique qui semble tourner le dos à sa promesse. La suppression de la taxe d’habitation, un plan d’économies de milliards au lieu de sur cinq ans, la diminution des emplois aidés, etc. ont douché les élus locaux. Ils ont le sentiment que le Président entend décider de tout sans tenir compte de leur avis. Cette situation éclaire le climat de méfiance dans lequel s’est ouvert, hier à Paris, le centième congrès des maires. Inquiet, le pouvoir a donc tout mis en oeuvre pour retisser des liens avant ce rendez-vous. Certes, droite et gauche ont haussé le ton, le Républicain Laurent Wauquiez dénonçant « une haine de la province », le socialiste François Kalfon, membre du collectif Territoires en colère, « le mépris social et territorial d’une élite sachante ». De l’huile sur le feu qui ne doit pas masquer le désir de nombre d’élus de renouer le dialogue avec l’État. Président de l’Association des maires de France (AMF), François Baroin illustre cette volonté de rapprochement : « Il alerte l’État sur le risque de rupture avec les maires » mais « souhaite, au fond, le succès de l’action du gouvernement ». Il revient donc à Emmanuel Macron, qui interviendra demain devant l’AMF, de trouver à la fois les mots et les propositions qui rassurent. Il reçoit dès aujourd’hui élus à l’Élysée dans l’espoir de les séduire et de se ménager ainsi un accueil paisible devant le congrès. Autour de lui, les ministres se déploient depuis plusieurs semaines pour rassurer leurs interlocuteurs locaux. Quinze d’entre eux ont même été mobilisés pour ce congrès. Des gestes seront faits mais l’intervention, hier devant les maires, du Premier ministre montre que le pouvoir n’est pas prêt non plus à transiger sur l’essentiel. Il a rappelé que les milliards d’effort réclamés sur ans ne signifient pas une baisse des crédits mais une moindre augmentation par rapport à la tendance et exigé que la hausse des dépenses de fonctionnement soit limitée en à , %. Le tout accompagné de la menace de baisser les crédits si cet engagement n’était pas respecté. Bref, la stratégie de la carotte râpée et du bâton clouté. Pas de quoi réjouir les maires qui, depuis trois ans, font des efforts salués par la Cour des comptes alors que l’État, principal responsable de nos déficits mais grand donneur de leçons, reste un mauvais élève .
« Les élus locaux ont le sentiment que le Président entend décider de tout sans tenir compte de leur avis. Cette situation éclaire le climat de méfiance dans lequel s’est ouvert, hier à Paris, le centième congrès des maires.