Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’immaculée Inception
et le contenu ouvertement religieux du film ont hérissé pas mal de festivaliers. Mais quoi qu’on pense du fond, on reste confondu par la virtuosité de la mise en scène, avec des séquences appelées à devenir cultes, comme celle dite de l’« Immaculée Inception », dans laquelle le héros retourne littéralement une pièce comme dans le film de Christopher Nolan, celle de la poursuite en voitures filmée au ras du sol (un modèle du genre) ou ce long travelling d’ouverture sur des réfugiés courant dans la forêt… De quoi donner des idées à Hollywood pour utiliser les talents du réalisateur Hongrois à des fins plus ouvertement commerciales.
L’histoire
Thelma (Eili Harboe), une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents, située sur la côte ouest de la Norvège, pour aller étudier dans une université d’Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja (Okay Kaya). Un jour à la bibliothèque, Thelma fait une crise d’épilepsie d’une violence inouïe…
Notre avis
Après un décevant Back Home anglo-saxon présenté en 2015 sur la Croisette, Joachim Trier revient dans sa Norvège avec un thriller qui rappelle par certains aspects le cultissime Carrie de Brian De Palma. Après une première séquence choc au cours d’une partie de chasse, dont le côté dérangeant fera sens dans le final, l’auteur de Oslo, 31 août arrive à allier les tourments liés à l’adolescence au thriller fantastique avec une grande maturité. Souligné par une photo somptueuse à l’allure de papier glacé, les errements psychologiques de cette Thelma qui se découvre, peu à peu, le pouvoir de donner vie à tous ses désirs par la seule force de sa pensée, bouscule. La beauté troublante d’Eili Harboe apporte une surcouche supplémentaire au mystère entretenu par une réalisation à la fois esthétique et épurée, qui n’hésite pas à provoquer nos peurs. Une réussite.