Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« J’appelle à une journée de deuil national » Brignoles
Sosie vocal de Johnny Hallyday depuis une dizaine d’années, Christian Gil a été affecté par le décès du chanteur, une idole qui l’a accompagné depuis son adolescence
C’est une onde de choc qui s’est abattue sur le pays. Dans la nuit de mardi à mercredi, Laeticia Hallyday annonçait le décès de son époux, Johnny, à l’âge de 74 ans, des suites d’un cancer du poumon. Depuis les hommages affluent pour honorer la mémoire de « l’idole des jeunes » qui a vendu plus de 110 millions de disques en 57 ans de carrière. Parmi les réactions, celle du Brignolais Christian Gil est particulièrement touchante. Sosie vocal de plusieurs célébrités comme Elvis Presley, il s’est spécialisé dans l’interprétation de Johnny, son autre grande idole de toujours, depuis une dizaine d’années. Blouson noir en cuir, tout comme son pantalon, demi-santiags aux pieds et croix turquoise autour du cou. Christian Gil ressent «le besoin de s’habiller comme Johnny Hallyday» pour l’interpréter. Il a souhaité s’exprimer sur la disparition de l’icône du rock français. Avant de chanter Aujourd’hui j’ai pleuré sur ma guitare, dont le refrain comportant les paroles «tu es partie trop tôt, tu es venue si tard», sonnait comme une adresse directe au chanteur.
On devine que ce jour est synonyme de tristesse pour vous? C’est une grande tristesse en effet, on perd un peu de soi. J’ai pris conscience de la douleur aujourd’hui. Tout le monde connaît Johnny dans la francophonie. Son décès touche tout le monde. Qu’on l’aime ou non il ne laisse pas indifférent, on a tous un titre qui nous a marqués.
Que représente Johnny Halliday selon vous ? Johnny c’est quelqu’un d’immense, c’est le plus grand artiste français de tous les temps. Il a posé la première pierre du rock’n’roll en France.
Avant lui il y avait quoi ? Avant lui, il n’y avait presque rien. Quelques grands artistes bien entendu comme Brel. Mais Johnny a apporté un renouveau rock’n’roll. C’est quelqu’un qui a touché toutes les générations. Même parmi les plus jeunes certains l’écoutent encore de nos jours. Il a une longévité incroyable.
Sa longévité c’est ce qui vous fait dire qu’il est «le plus grand» ? Johnny c’est quand même ans de carrière, albums et plus de mille chansons… C’est monumental. Et puis c’est un métier où on ne peut pas tricher plus d’un an ou deux sur un coup de pub. Une aussi grande carrière ça veut tout dire.
Quel est votre premier souvenir de Johnny ? Enfant, j’avais entendu dire qu’il était passé en concert à Brignoles (en au théâtre de verdure). À l’époque les vedettes étaient beaucoup plus accessibles. Mais c’est surtout à partir de mon adolescence qu’il a commencé à m’accompagner. En particulier dans les moments durs, où je ne me sentais pas bien.
Et dans les bons aussi… Dans les bons moments aussi. Il était omniprésent, c’est une vraie passion. Il y avait un signe du destin qui me liait à lui. J’ai remarqué récemment, via une application, que le jour de ma naissance, le titre Pour moi la vie va commencer était sorti.
Combien de fois l’avezvous vu en concert ? La première fois c’était à Bercy en . Puis je l’ai vu au Zénith de Toulon et au Vélodrome à Marseille. Ce furent à chaque fois de grandes émotions.
Une grande émotion que vous avez connue vis-à-vis de lui ? J’ai une anecdote qui combine émotion et déception. Je suis parti à Miami en décembre chanter du Elvis Presley pour des personnalités, dont Christian Audigier et Johnny. Faire ça pour lui et aux Etats-Unis c’était énorme pour moi. Et malheureusement il est tombé malade cette annéelà et n’avait pas pu venir. Ça m’avait rendu très triste.
Vous êtes son sosie vocal depuis dix ans, comment avez-vous découvert cette faculté ? Je chante déjà depuis une trentaine d’années, et de temps à autre je chantais une chanson de Johnny. Au fil du temps j’ai compris que la nature m’avait comblé, que j’avais cette voix naturellement.
Sa voix a évolué dans le temps, vous avez travaillé pour adapter la vôtre ? Pas particulièrement, mais qu’elle s’est améliorée avec la pratique et la répétition des interprétations.
Qu’est ce que ça fait d’être Johnny ? Je ne me considère pas comme un imitateur, j’interprète ses morceaux avec la similitude de nos voix, bien que la sienne soit évidemment incomparable. Je ne me prends pas pour lui. Quand je chante une de ses chansons, je suis moi, Christian Gil. Mais quelque part il m’habite. Et c’est un vrai bonheur de partager ces émotions avec les gens.
Avec sa disparition, les gens seront-ils plus demandeurs de vos interprétations ? Peut-être au début oui, mais après il y a tellement de sosies… et beaucoup qui se concentrent sur le physique et ne sont pas à la hauteur vocalement, alors que c’est le plus important. Car c’est la voix qui touche l’âme.
Quand serez-vous de nouveau sur scène ? J’en ai deux de prévues samedi, qui de base n’étaient pas prévues pour un hommage. Je serai samedi midi à la galerie de l’Hyper U des Arcs, et samedi soir je serais à Carqueiranne où j’interpréterai quelques titres.
Il a posé la première pierre du rock’n’roll en France.”
Qu’allez vous apporter pour rendre l’oeuvre de Johnny Halliday encore plus immortelle ? Je lui rendrai hommage en chantant. Je vais déjà chanter au moment de la levée du corps, peut importe où je serai. Et j’appelle à un jour de deuil national pour lui. Ne pas le faire serait une grosse erreur.