Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Gérard Abbès miniaturis­e la tradition provençale

Quarante-six ans après ses premières fondations, le village du début du siècle et ses neuf cents habitants d’argile se mettent en scène dans la crèche géante de la place de la Liberté, jusqu’au 31 janvier

- PIERRE-MICKAËL AYI 1. Confection­nés par des artisans aubagn ais Marius Chaves pour les petits de 15 cm, et en dessous, et Daniel Scaturro. 2. De la compagnie Escolo de la Targo.

Sa voix caverneuse berce le conte flamboyant qui s’éveille tous les jours, sur la place de la Liberté, sous le chapiteau du village de Noël. Ce matin-là, Gérard Abbès, le créateur du grand spectacle son et lumière, est venu de bonne heure, afin de peaufiner les ultimes réglages de la mise en scène. « Tout est dans la tête. » Les années passent, et les chiffres de la crèche provençale (proposée par l’associatio­n Sous les lumières de Provence) donnent de plus en plus le tournis : sur une superficie de 120 m2, quelque 900 santons animés sont assemblés sur un échafaudag­e de 800 agglos haut de 6 mètres. Sans oublier l’ajustage des nombreux éclairages de ce spectacle inédit de 26 minutes, qui retrace la vie au marché, les joutes provençale­s, la Nativité ou encore la fête au village.

«Unpeudemav­ie»

« Au début, c’était un village traditionn­el normal, expliquet-il. Mais plus ça va, plus ça devient Toulon ! Et on met le paquet, regardez : on n’a plus de place... » Confection­nés à partir des conseils historique­s (2), de photos et de cartes postales, les santons animés gambadent parmi dix-sept monuments miniatures – la porte de l’arsenal, la tour de l’Horloge, la statue de Cuverville, le téléphériq­ue, le kiosque à musiques de la place d’Armes, l’ancienne mairie et même la fontaine de Janus disparue. « Moi, ma promenade, c’était la rue d’Alger, se remémoret-il, derrière ses lunettes fumées. On se donnait rendezvous à 14 heures sur la place des Dames de France et on partait en boîte. C’est fini ça... » L’ancien ouvrier de l’arsenal a accompli un rêve d’enfant. Quarante-huit ans après avoir bâti les premières fondations, ce passionné l’a fait grandir avec ses habitants en argile du haut de leurs 26 centimètre­s. « C’est un peu ma vie ici, poursuit-il. Enfin, beaucoup de ma vie : sur mes cinq semaines de congés payés, j’en passais quatre à bosser là-dessus. Et ça me coûtait aussi une fortune... en apéro ! Avec tout le pognon, j’aurais acheté deux ou trois villas... » Avec l’appui des fidèles bénévoles, Gérard Abbès est même devenu historien-urbaniste ! « On m’a dit : l’an prochain, il faut faire la rue du Canon, conclut-il. Alors on la fera. Mais on ne remettra pas tous les bars ! »

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(Photos Frank Muller) L’associatio­n de culture provençale, qui assiste le créateur du spectacle, a confection­né un village traditionn­el de  mètres carrés.
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Scène typique de joutes provençale­s, dans le port.
 ??  ?? Les joueurs du RCT à la mairie (à gauche), la fontaine de la place de la Liberté (à droite) : la mise en scène du Toulon de Gérard Abbès (ci-dessous) est monumental­e !
Les joueurs du RCT à la mairie (à gauche), la fontaine de la place de la Liberté (à droite) : la mise en scène du Toulon de Gérard Abbès (ci-dessous) est monumental­e !
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